L’unschooling ou la permaculture humaine
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Présentation
Bonjour, je suis Charlotte Limodin, maman de 2 petits unschooleurs, consultante et future formatrice certifiée du réseau Parentalité Créative, distributrice et collaboratrice du PEPS magazine. Si vous voulez en savoir plus, n’´hésitez pas à aller visiter ma page www.los-caminos-de-sharlotte.jimdosite.com
L’unschooling, à mon sens
Le maternage proximal, les apprentissages libres, l’accompagnement confiant de nos enfants…La permaculture humaine quoi !
Alors que ce mot commençait à rentrer petit à petit dans mon univers, « perma-culture », il y a environ 5 ans seulement, je commençais aussi à le lire par-ci par-là associé à parentalité positive, écoparentalité, écologie de l’enfance, et ça me parlait tellement tout ça !!!
J’avais donc envie de vous partager aujourd’hui un peu de notre vie « unscho » et vous montrer que ça va tellement plus loin que de ne pas aller à l’école, tellement plus loin que de ne pas induire un apprentissage, ça va tellement au-delà pour moi, et toutes les familles qui se sont lancées dans cette aventure seront, je pense, d’accord avec moi.
J’ai découvert cette « attitude » avec les lectures de Sandra Dodd, et le possible malentendu que peut inspirer le nom « Radical Unschooling ». L’enfant au coeur… j’ai du mal à poser des mots qui sont tellement galvaudés aujourd’hui, utilisés sans conscience : « respect des rythmes », « se reconnecter à sa nature profonde », « la confiance », alors je vais essayer d’y aller par métaphores, je vous propose de jeter un coup d’œil à ma vie quotidienne, attention je vous préviens ça peut paraître le bazar, pensée en arborescence oblige ☺
Un petit peu de notre vie au quotidien
Par où commencer ? Vous voyez un bel oiseau dans une cage, une grande et jolie cage dorée, mais une cage quoi, un oiseau qui a un joli chant mélodieux, de magnifiques plumes, il est dans cette cage, et si on ouvre la porte, le plus souvent, il ne sait même pas/plus voler.
Et bien aujourd’hui je vais vous parler d’un de mes petits moineaux sauvages, l’aînée. Et le terrain que le prépare pour ces 2 graines bio non homologuées, la terre que je travaille avec amour et conscience, confiance et humilité, l’engrais que j’apporte, tout en essayant de ne pas surdoser, l’eau versée goutte à goutte, ne pas risquer l’inondation, mais offrir suffisamment pour que la semence germe, observer la lumière et l’ombre, respecter les saisons, ne pas m’attendre à voir pousser un citronnier si j’ai planté un noyau de cerise…aussi passionnant qu’épuisant parfois.
Alice aime m’aider quand je vais me ravitailler à la petite épicerie bio pas très loin de chez nous, elle m’aide à remplir les sacs en papier ou tissu pour le vrac, à choisir, peser les fruits et légumes, paie parfois en caisse, elle peut papoter avec la vendeuse, nous faisons des maths pour calculer la monnaie à recevoir. Elle fait des choix, on discute ensemble sur quoi acheter ou pas, ce qui fait « mal à la planète » et notre empreinte en tant qu’humain conscient, ce qu’elle peut acheter avec son argent avec lequel je ne suis pas en accord (souvent des jouets en plastique super genrés dans le magasin de puériculture d’occasion au coin de la rue). Elle a un sourire qui illumine son visage une fois qu’elle dit au revoir à la caissière.
Pourtant je n’ai pas d’idée précise de sa connaissance formelle de l’arithmétique, des opérations, des calculs de problèmes. Ce que je sais, c’est qu’en allant chercher la voiture au garage, elle sait compter jusqu’à 514 à l’endroit, à l’envers, en français « belge » et de France (quatre cent septante, nonante), on discute sur pourquoi 480 se dit quatre cent quatre vingt dans notre pays, et huitante dans d’autres, et « cuatrocientos ochenta » dans la langue qu’elle utilise avec la même fluidité que son autre langue maternelle, et on s’amuse avec ça, parfois elle se trompe, elle oublie, alors que ça avait l’air acquis la veille. Elle apprend quoi. Elle intègre. Et c’est cohérent, ça fait sens avec ce qu’elle vit, ce dont elle a besoin, au jour le jour. Hier soir on a calculé le prix total du cadeau pour son papa en regardant un catalogue d’activités sportives avec des réductions en pourcentages. On a bien rigolé.
Quelques attentes parfois
Je ne vais pas vous mentir, j’aimerais parfois qu’elle lise elle-même plus, plus vite, qu’elle écrive plus, en minuscule, partager cet amour de la lecture, de l’écriture qui m’habite, sans oublier mes automatismes d’enfant scolarisée et super-adaptée au système ultra-compétitif dans lequel j’a grandi, qu’elle puisse lire à son petit frère quand je ne suis pas disponible. Mais je me soigne, tout doux, et j’essaie de la laisser tranquille, de pousser, telle la soi-disant « mauvaise herbe », où elle veut, quand elle veut, et toujours, je lui propose de partager avec moi cette passion en l’invitant à lire les titres des chapitres, par exemple. Pas de méthode ni globale ni syllabique ni quoi que ce soit, on y va comme elle veut, elle découvre et apprend, j’accompagne si besoin. Pas de leçon a priori sur les sons si compliqués en français (alors que c’est si simple en espagnol !) et un soir, lecture à 2, le titre était « le cadeau », je m’attends à ce qu’elle épelle « kaaaaa-deeeeeuuuu-aaaaa-uuuuuuu » comme souvent, puis qu’elle fasse des liens avec le contexte de l’histoire, l’image éventuelle de la page, qu’elle devine avec ce que je viens de lire, bref, quand tout à coup je l’entends « ka…do ». Wahou. Je n’ai pas commenté, ni félicité ni récompensé. Mais intérieurement, mon cœur souriait de toutes ses dents, si on peut imaginer un cœur avec des dents…). Le lendemain, elle rebutait sur un mot qui finissait en « au ». Pas grave, je sais que ça viendra, le chemin neuronal est en train de se créer, dans la pratique, petit à petit.
Pour l’écriture, j’ai proposé des aimants sur le frigo, ses tantes lui offrent des cahiers divers et variés, depuis ceux d’exercices classiques (soit elle ne les ouvre même pas, soit elle se jette dessus 3 jours de suite, et le laisse dans un coin le 4è, il prend toujours la poussière à l’heure où je vous parle ), au journal intime avec clés et cadenas, ceux-là elle les adore, elle dessine dedans, ses rêves, les choses qu’elle veut nous dire, mais qu’elle n’arrive pas, et la dernière nouveauté, elle veut écrire une bande dessinée. De détectives. Où elle serait la protagoniste avec son frère. Elle a déjà les premières vignettes en tête, le titre, certains dialogues, elle me raconte ça pendant des heures à l’heure où elle pète le feu, vers 22-23 heures, l’heure où moi-même je ne ressemble plus à rien et j’essaie de garder les yeux ouverts, car elle me livre toute son essence.
Le lendemain, je l’incite à continuer, je vois déjà les bulles pleines, je la relance sur ce roman commencé il y a longtemps sur la vie d’Harry Potter et Giny Weasley entre le dernier roman et la pièce de théâtre et laissé en jachère, et ma superbe mule rebelle me remet à ma place… « dis Maman, peut-être que la BD, finalement je vais l’écrire quand je serais ado, qu’est-ce que t’en penses ? ». Touché.
La prochaine fois, j’aimerais vous parler de l’autre moineau, celui qui a compris ce qu’il mangeait et qui du coup est devenu végétarien à 3 ans, et veut voir des vidéos d’Orang-outans « morts » pour comprendre pourquoi on n’achète pas de produits raffinés à l’huile de palme. En d’autres termes plus « socle commun », après les maths, le français et les langues vivantes, nous parlerons de biologie, de géographie et de svt.
Je te remercie
Merci beaucoup charlotte pour ce magnifique témoignage ! J’ai trop envie de connaître un petit bout de l’histoire de ta deuxième merveille à plumes !
Je vous rappelle que Sharlotte est consultante et future formatrice certifiée du réseau Parentalité Créative, distributrice et collaboratrice du PEPS magazine. Vous pouvez la retrouver sur. son blog Los camions de Sharlotte et écouter son témoignage de maman dans l’interview 10.
Est-ce que ce parallèle entre unschooling et permaculture vous a touché autant que moi ? Je veux bien connaître votre avis, dans les commentaires !
Un commentaire
Ketty
Ce témoignage me touche beaucoup, merci, d’autant plus que nous vivons un quotidien très ressemblant (et j’ai une pensée en arborescence aussi 😉 ) !
Oui la permaculture c’est la culture permanente qui concerne toute l’activité humaine dans sa globalité: les relations, l’éducation, les habitats, les énergies, la gouvernance, la finance, la santé, la culture, la technologie, les entreprises (j’en oublie!) … et pas que l’agriculture!
Bien que ce soit l’application la plus aisée car il « suffit » d’observer la nature pour s’y référer.
Retrouver notre nature profonde en terme d’éducation ou de relations est un travail bien plus impliquant et introspectif.
Mais quel bonheur de voir des enfants libres et de vivre des relations harmonieuses!!
De mon côté, j’ai encore bien du mal à m’empêcher de commenter (je m’auto-grogne parfois…) et je félicite et m’émerveille à haute voix. Et j’essaye aussi de lâcher mes attentes pour la (nous) laisser vivre en paix, tout un chemin de deschooling en somme…
Je suis si heureuse et reconnaissante de connecter avec cette communauté qui est entrain de se créer!
Merci Sharlotte et Merci Marion!