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Une naissance en directe

Du jour au lendemain, c’est l’automne

L’automne a envahi l’alpage… Les montagnes ont changé de couleur, le froid pointe le bout de son nez, les journées se font plus courtes !

Nous ne sommes pourtant que fin septembre. Beaucoup d’entre vous sont encore dans la chaleur de l’été, peut-être même en train de se baigner. Ce sont les 2000 m d’altitude qui changent tout. 

L’autre matin, il faisait -5°C. L’eau est restée gelée dans les tuyaux jusque 14h. Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les matins. Quand c’est comme ça, nous avons qu’une envie, c’est descendre ! Comme les brebis, d’ailleurs.

Seulement, malheur, l’herbe n’a pas repoussé en bas, à cause de la canicule. Nous allons donc rester jusque fin septembre ici. 

Et pour le troupeau, ça change quoi ?

Tout d’abord, l’agnelage a commencé. Nous pouvons avoir jusque douze agneaux par jours en ce moment. Certaines le font durant la garde. Il faut alors freiner le troupeau le temps de la mise bas et le temps qu’elle le lèche, le fasse téter, puis il faut le porter jusqu’à la fin de la garde, en le reposant de temps en temps pour que la maman s’en occupe, si elle n’est pas partie avec le reste du troupeau. Il faut être vigilant, car ça leur arrive de s’écarter pour le faire et du coup nous pourrions les laisser derrière nous sans nous en apercevoir et si le loup venait à passer… 

Après, il y a celles qui le font au parc. Le matin, notre travail est de les attraper et de les mettre dans un parc avec les agneaux pour ne pas les avoir avec le reste du troupeau. C’est parfois un peu sport, car certaines resteraient bien avec leurs copines, l’instinct grégaire l’emportant sur l’instinct maternel.

Je vous laisse découvrir une naissance en direct sur cette vidéo !

Ensuite, le troupeau se coupe, marche à deux vitesses. Il y a les futures mamans, grosses à en avoir un corps presque ridicule, avec leurs deux petites pattes sous ce baril énorme, qui vont tranquillement, au rythme des brins d’herbe rencontrés. Et puis il y a les autres, qui sentent le froid venir et qui aimeraient devenir des marmottes. En tout cas, elles font tout comme : on dirait qu’elles veulent engloutir le plus possible pour faire du gras pour l’hiver. Du coup, elles courent, grimpent en haut des pentes, s’échappent en bas pour voir s’il n’y aurait pas un peu d’herbe bien verte…

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J’oubliais : depuis peu, les béliers, au nombre de neuf, ont rejoint le troupeau. Ils s’écartent du troupeau avec leur petit harem d’une dizaine de brebis sans se préoccuper du reste du troupeau.

Par conséquent, chaque soir est une petite victoire si on a réussi à ne pas en perdre ! Et que je te ramène 3 agneaux sous le bras, je compte les neuf noires, la patte cassée, les neuf béliers, les cinq agneaux de trois mois… autant de repères qui font que nous comptons du matin au soir !

De plus, nous ne faisons presque plus de pause le midi. Les brebis mangent de 9h à 19h. La chaleur n’est plus là pour leur imposer l’arrêt comme un couvercle qui s’abattrait sur elles. Elles peuvent marcher et manger toute la journée, en ruminant par-ci par-là, jamais toutes en même temps. Du coup, nous les suivons, les rassemblons, freinant les rapides, pressant les dernières… qui est-ce qui garde qui, des brebis ou du berger ? Des fois, nous nous le demandons.

Un déménagement de plus

Depuis quatre jours, nous avons changé de cabane et réintégré notre premier logement, un peu plus bas, à l’abri des bois. Nous sommes un peu plus au chaud, protéger des vents d’altitude. La cabane est un peu plus petite, nous avons l’impression de nous mettre à l’abri dans notre petit cocon.

Le déménagement a été particulièrement sportif entre nos affaires, les quinze agneaux tout neufs, le troupeau et la cabane du haut à laisser propre pour les promeneurs. Nous sommes contents d’avoir franchi cette dernière étape, comme un rituel, et de retrouver quelques degrés de plus et quelques minutes de soleil en plus. En effet, le soleil montre le bout de son nez presque 40 minutes plus tôt et va se coucher autant de temps plus tard… Nous sommes gourmands de sa chaleur, nous nourrissant de ce précieux réconfort.

Les enfants dans tout ça ?

Je vous avoue que je suis impressionnée par mes enfants. Ils grandissent, se responsabilisent. En tout cas, ils s’occupent tellement bien tous les deux, nous sollicitent moins dans ces moments où nous sommes moins disponibles. Ils essaient de nous aider à leur manière. Le matin, ils se préparent tous les deux en s’entraidant. Tilouann est fier de s’occuper de sa soeur, il prend son rôle très au sérieux. Malgré leurs quatre ans d’écart, ils partagent de plus en plus de jeux. Ils s’adaptent l’un, l’autre. 

Loon suit son frère partout et écoute les consignes (parfois très directives) de son frère. Si nous étions aussi directifs que lui, elle manifesterait assurément son désaccord. Mais avec lui, ça passe crème, ça la pousse vers le haut. Je crois qu’elle apprécie ça.

Tilouann adapte ses jeux, la laisse participer… 

Bon je dois aussi vous dire qu’il n’y a pas mal de cris, engueulades, plaintes… une fratrie, quoi ! Un coup ce sont de gros câlins et l’instant d’après ils se détestent ! Mais quand un a décidé de jouer seul ou part avec un de nous aux brebis, l’autre l’attend impatiemment.

Leur relation se construit et s’embellit dans ces moments. Ils deviennent complices, sont là l’un pour l’autre. Ils ne nous demandent même plus de descendre voir leurs copains. Ont-ils compris que c’était difficile pour nous ? Toujours est-il que je me rends compte que les aléas de la vie familiale au travail les font grandir. Ils tirent avantage de toutes les situations.

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C’est à vous

Pouvez-vous me raconter vos expériences de fratries ? 

Est-ce qu’il vous arrive d’être moins disponibles pour vos enfants ?

Je vous remercie par avance, j’aime connaître également les expériences d’autrui.

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Un commentaire

  • Catherine

    Merci pour ce partage ! C’est très agréable à lire et à imaginer… On sens bien la beauté de toute cette vie extérieure, la puissance des éléments et de la vie qui pointe son nez à tout moment, ainsi que ses contraintes… C’est un cadeau pour les enfants de vivre ces moments là…
    Pour partager à mon tour, je suis céramiste et j’adapte vraiment mon temps de travail à la vie familiale et je travaille très peu en fait, sauf en fin d’année où je participe à plusieurs ventes avant les fêtes. Aux alentours de fin août début septembre, je commence à planifier ma production… Au début, je reste très disponible mais plus le temps passe plus je descends travailler dans mon atelier. C’est à la fois un moment de joie pour moi de retrouver mon atelier, de créer, de me projeter, et assez épuisant car je dois cumuler cela à ce que je fais habituellement. Tout est assez calculé, je ne peux pas vraiment me laisser aller à ma créativité quand je sais que qu’une heure plus tard je devrais aller m’occuper de telle ou telle chose .
    Mes enfants de 13 et 7 ans commencent bien le comprendre et ne descendent plus comme avant pour me dire « j’sais pas quoi faire », ou « il m’a fait ça… » Ils ont compris que maman travaille et qu’elle aime ça !
    C’est une organisation car la maison est petite et ils sont couvent l’un sur l’autre et se chamaillent facilement. Alors quand je descends, ils ont quelques consignes de « choses à faire » pour participer à la vie quotidienne (vider le lave vaisselle, mettre la table, plier du linge, ou tout simplement jouer dans leur chambre, ou alors « ok pour un petit DVD… » En général je descends vers 17h, et je remonte vers 19h30, mon conjoint prépare le repas. Plus les marchés approchent et moins je suis dispo. Nous faisons moins de sorties, ils vont un peu plus chez mes parents pour quelques jours.
    Cela me plait car je suis souvent très disponible pour eux mais je continue de travailler et de garder un pied dans la création et la vente, ce que j’espère pouvoir développer de plus en plus quand ils grandiront.
    Le seul hic dans ce tableau c’est le contrôle d’inspection pour ma fille qui a souvent lieu en décembre. L’inspecteur n’apprécie pas du tout notre type d’instruction. Nous avons déjà essuyé deux avis défavorables et il exige du formel, appuyé par son supérieur hiérarchique. Mais c’est un autre sujet ! En tout cas cela rajoute une pression supplémentaire et une charge mentale et de travail conséquente.
    Voilà !
    Au plaisir de vous lire de nouveau !
    Catherine

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