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La musique : un outil pédagogique efficace et amusant

Ceci est un article invité écrit par Eirene du blog Petit Doremi, un blog qui regroupe des conseils et astuces pour mettre en place des ateliers musicaux avec les petits.

Votre enfant est réticent à l’idée d’apprendre ? Vous avez beau essayer de suivre son rythme, il est apathique, rien ne l’intéresse ?

Vous aimeriez des journées d’apprentissage amusantes, sans prise de tête. Que tout soit harmonieux et facile. Cela est possible, avec les bons outils. La musique en fait partie, elle permet d’apprendre en s’amusant et de façon efficace !

Nous avons la pression

Votre enfant doit apprendre certaines choses. Votre entourage (gouvernement, société, famille, amis, etc.), souvent, l’exige. Par exemple, un enfant qui à 6 ans doit savoir lire, et ce, même s’il est très fort en maths, s’il est dyslexique, s’il y a eu une pandémie mondiale ou si, tout simplement, ce n’est pas encore son moment.

Je le sais, car moi aussi je vis cette pression-là : si notre enfant ne fait pas comme les autres (ça existe, ça ?), alors, il doit y avoir un problème.

Même moi, dès petite, j’ai été soucieuse de respecter les règles, de faire le moins de mal possible à l’autre. J’ai été une très bonne étudiante, toujours très curieuse de tout, toujours à la recherche de nouvelles informations. Et, en voyant que les autres n’étaient pas du tout comme ça, et bah… je n’étais pas normale.

Je suis sûre que, vous non plus, vous n’avez pas été un enfant « normal ». Même, je suis certaine que votre enfant n’est pas « normal ».

Evidemmment !

Le « normal », ça n’existe pas.

Alors, on peut encore moins déterminer ce que l’enfant doit apprendre ou pas à tel ou tel âge !

Surtout si on prétend utiliser des méthodes et des outils qui ne sont pas compréhensibles pour tous.

L’homme et la femme n’apprennent pas tous de la même manière. L’échec d’un grand nombre d’enfants à l’école le prouve, les psychologues le prouvent, la science dans la branche des neurosciences le prouve.

D’ailleurs, si tout le monde apprenait pareillement, pourquoi il y aurait des pédagogies alternatives comme Montessori, Waldorf ou Pikler ? Pourquoi des parents comme vous choisissent l’instruction en famille ? Pourquoi il y en a même certains qui pratiquent le unschooling ?

Parce qu’on est tous différents.

La discipline universelle

Mais il y a une chose qui nous unit TOUS. Au-delà de la culture, de la religion, de l’idéologie politique que l’on croit, cette discipline, vous la pratiquez tous d’une manière ou d’une autre.

Et la grande dame qui réussit à faire ce miracle s’appelle : Musique.

Celle-ci, étudiée et pratiquée auparavant par ceux qui voulaient guérir l’âme, a été pendant longtemps sous-estimée dans l’éducation des enfants.

On limite l’apprentissage de la musique aux comptines en maternelle, ou aux chorales en élémentaire.

Pourtant la musique peut être tellement plus. Elle est tellement plus !

Dans l’Antiquité, la médecine et la musique n’étaient pas dissociées.

D’ailleurs, récemment on a découvert ses vertus guérisseuses : elle est très efficace en thérapie, à travers la musicothérapie, pour traiter des traumatismes ou communiquer avec des enfants à spectre autistique.

Elle peut même être utilisée pour guérir le physique à travers la psychophonie, très utilisée en chant prénatal. J’ai soigné, moi-même, des maux de tête en travaillant les aiguës en vocalises… Oui, oui, histoire vraie !

Mais aussi, de tout temps, et aujourd’hui encore, la musique est utilisée dans toutes les religions. Elle renforce la méditation à travers des mantras, elle renforce les prières. On chante dans les rituels de toutes les pratiques spirituelles. « La voix élève l’esprit », dit-on.

Enfin, on utilise la musique comme véhicule émotionnel pour accompagner des publicités, des films, des séries, des manifestations politiques. La musique « booste », rend triste, met en colère. Elle est incroyablement puissante pour des milliers de raisons. D’ailleurs, la première chose qui est limitée et interdite dans les régimes dictatoriaux est la musique.

Alors, pourquoi ne pas s’en servir dans l’instruction de nos enfants ?

La musique, un outil pédagogique ?

Cela peut paraître incongru.

On relie la musique à beaucoup de choses, mais pas au sérieux de l’éducation. Même les musiciens sortis du Conservatoire, un endroit culte, sérieux et très exigeant, sont vus comme des bohèmes qui ne savent pas faire autre chose que de jouer de leur instrument.

Et cela depuis les temps de la fable de la Cigale par cet anti-musicien de La Fontaine. Cette fable qui nous apprend que travailler est ce que fait la fourmi et qu’apporter du bonheur à tout le monde est une notion de peu de valeur. C’est même pour les fainéants.

Comment, allez-vous me dire, la musique peut-elle apporter quelque chose de «véritablement» utile ?

Et bien, je me suis posée exactement la même question à peu près toute ma vie.

Car je voulais être musicienne. Même que je voulais être une star du rock. Mais… comment convaincre ma mère de cela, alors que ce n’est pas utile ? Moi qui ai des médecins, des architectes, des ingénieurs agronomes, des comptables dans la famille… Moi, qui ai un père bohème et « bon à rien » de comédien au chômage qui me sert de mauvais exemple. Comment allais-je oser faire de la musique ma vie ?

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C’est là que ma quête est née. J’allais trouver un lien entre la musique, le bien-être, la spiritualité et l’éducation.

Vous savez quoi ? On m’avait mâché le travail : les neurosciences ont découvert les incroyables avantages que les enfants pratiquant un instrument de musique avaient dans les autres matières. Les philosophes et théosophes avaient déjà prouvé comment le chant pouvait élever nos âmes. Et Steiner avait déjà utilisé la musique comme outil pédagogique.

Je n’avais qu’à étudier tout cela et le réunir dans cet article.

Quoi ?!

Non, je plaisante, ceci n’est pas un livre. Juste un article où vous trouverez des astuces pour utiliser la musique comme outil d’apprentissage. (Ouf !…)

Alors, revenons à nos moutons… L’animal idéal, par ailleurs : noir et blanc, comme les touches du piano ou les partitions de musique.

Quelques généralités sur la musique et la pédagogie

La pédagogie traditionnelle, celle que l’on retrouve dans la plupart des manuels, et dans la majorité des écoles, a une manière d’enseigner dite linéaire.

C’est-à-dire qu’elle part d’une idée pour aboutir à une autre. En gros A plus B égal C. Aristote est un très bon exemple de cette pensée linéaire. Et cela peut être cohérent.
Même évident pour certains.

Mais pas pour tous.

Car d’autres personnes, elles, ont une pensée en arborescence.
C’est-à-dire, A plus B peut être égal à C, mais cela peut aussi être A’ plus B égal à C, ou B’ ou C’, etc., etc., jusqu’à épuisement de la personne qui réfléchit à ce genre de choses.

En fait, une pensée peut nous amener à des milliers d’idées, jusqu’à perdre le fil et l’idée d’origine.

Si vous pensez de cette manière, vous vous sentez forcément concernés. Bienvenue au club !

Du coup, la pédagogie traditionnelle met en échec total toutes les personnes qui pensent en arborescence.

Savez-vous qui pense en arborescence ?

Les enfants dits « dys », ceux « à haut potentiel », les « TDA » (Trouble de l’attention, du  moins une partie…) Cela dépend d’autres paramètres aussi…, Indigo, Zèbres, et tous les noms que vous avez déjà entendus pour nommer ceux que l’on dit « différents » ou pas « normaux ».

Vous savez quelle discipline est construite en arborescence ?

Oui !! La musique !!!

Magique, hein ?

Voilà pourquoi la médecine, les mathématiques, le langage, la créativité sont intimement liés à la musique. Car ces domaines fonctionnent en arborescence.

Quand on écoute la 5e Symphonie (1er mouvement) de Beethoven et toutes les possibilités qu’il a trouvées au pattern rythmo-mélodique (pa pa pa pam…), cela nous ouvre des possibilités sans fin, tout comme la résolution d’une équation mathématique ou la guérison d’une maladie.

Sauf que dans la musique, il y a un élément essentiel absent des autres disciplines et de la pédagogie traditionnelle : l’émotionnel.

Les psychologues ont vu, depuis plus d’un siècle déjà, à quel point un traumatisme peut empêcher les personnes d’apprendre. Même quelque chose de très basique. Des enfants qui pouvaient être de très bons étudiants peuvent, suite à une perte, devenir de très mauvais étudiants. Les catastrophes que le bullying (harcèlement scolaire) peut provoquer dans le cerveau des enfants sont plus que démontrées depuis quelques années déjà.

Mais heureusement, la musique peut, aussi, délier tout cela.

Appliquer la musique comme outil pédagogique

Pour utiliser la musique dans votre programme pédagogique, vous avez différents moyens, selon ce que vous avez choisi de faire dans l’année.

Je vais vous parler des trois points dans lesquels on peut appliquer la musique.

Apprentissage dans la vie quotidienne

L’enfant apprend toute la journée et pas uniquement dans les moments où il « travaille ». Il tire des conclusions de absolument tout ce qu’il vit. Certains appellent ça « l’école de la vie ». Mais c’est simplement la forme d’apprentissage la plus naturelle.

Parfois, cette manière d’apprendre se teint d’émotions et de conflits. Cela rend cet apprentissage plus difficile.

Lorsque l’on est submergé par la colère, la frustration ou la tristesse, il est très difficile de tirer des conclusions utiles et d’en tirer les bonnes leçons. Comment apprendre à compter les cheveux que l’on a en moins alors qu’ils viennent d’être arrachés par petit frère frustré ? Pourriez-vous découvrir le système digestif alors que vous ne pensez qu’à une chose : MANGER !!!?

Non. Souvent les opportunités d’apprentissage sont occultées par les nébuleuses mentales.

Heureusement, la musique existe !

Des chansons dites de transition

Pour les moins de sept ans, vous pouvez utiliser des chansons toutes simples, avec les paroles sur ce que vous êtes en train de vivre pour sortir des situations difficiles. C’est une technique très utilisée dans la pédagogie Waldorf pour donner des repères aux petits, car ils en manquent.

Par exemple, ce matin, mes enfants étaient mal réveillés. Rien ne leur allait, mon plus jeune ne voulait pas se lever pour chercher le doudou qu’il avait lui-même balancé sur les étagères à un mètre de lui. La grande était ronchonne, car son petit frère l’avait réveillée. Elle a décidé que la journée allait être “mauvaise” (ses mots).

Alors, avant de me laisser emporter par ces émotions si motivantes qui donnent envie de vivre, j’ai respiré et… j’ai chanté tout ce qu’on peut remercier d’avoir : deux jambes et deux mains pour ramasser son doudou. Il y a tellement de personnes qui n’en ont pas et qui doivent se faire aider toute leur vie. La chance d’avoir à manger et boire tous les jours, tellement de personnes n’en ont pas.

Au bout de quelques remerciements chantés, les sourires revinrent et l’ambiance s’est nettement améliorée.

Plusieurs bienfaits dans cette pratique : 

. éducative, elle nous apprend qu’il existe d’autres personnes qui ont d’autres conditions que nous, parfois plus malheureuses

. apaisante, le chant dédramatise et permet d’évacuer les émotions avec douceur (surtout pour l’adulte qui a très envie d’exploser… 😅) 

. travailler l’écoute et la justesse, à condition de bien faire attention à ne pas faire de gros écarts d’intervalles. Ce dernier point m’amène au prochain.

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La date

Vous pouvez utiliser la technique de la pédagogie Kodali pour voir la date de tous les jours.

Ma fille nous a fait un superbe escalier en carton que j’utilise pour montrer les notes que je chante pour connaître la date d’aujourd’hui, d’hier et de demain. Chaque marche représente une note. À condition de ne pas en faire trop, montrer à l’enfant à chaque fois que l’on change de note en ascendant, on monte l’escalier, et en descendant, on descend l’escalier.

Par exemple, je chante : quel jour nous sommes ? Sur Do, Ré, Ré, Do. Tout le monde chante les mêmes notes que moi.

Et l’enfant répond avec les notes qu’il veut : mercredi, sur Do, Ré, Mi. Et nous chantons tous les mêmes notes. Ensuite, ils mettent le jour correspondant dans le calendrier.

Du coup, on travaille : justesse, hauteur de notes, oreille, repère espace-temps, créativité et lecture !

Musique de la maternelle à CE1

En plus des comptines et des chansons de transition, on peut utiliser la musique pour apprendre aux petits à écrire par mimétisme, à déchiffrer ou lire et à réaliser une dictée.

Pour cela, vous pouvez utiliser la pédagogie Martenot pour initier à l’écriture des notes et préparer le cerveau des enfants à l’écriture et à la lecture tout court.

Vous allez imaginer une portée de musique géante devant vous. Pour rappel, une portée ce sont 5 lignes parallèles sur lesquelles on pose des ronds qui, selon leur position, auront un ton ou un autre.

Ensuite, en pinçant l’index et le pouce comme si vous alliez écrire au tableau, vous allez tracer une ligne imaginaire tout en la chantant : aiguë, si vous la faites en haut, médium, si vous la faites au milieu et grave, si vous la faites en bas. Faites la note avec une voyelle : e, par exemple. S’ils ont 3 ans, les enfants répéteront en même temps que vous, s’ils ont 4 ans et plus, demandez-leur de le faire après vous. À 3 ans, vous pouvez simplement faire trois sons qu’ils feront en même temps que vous, avec le geste. Cela leur donnera le geste d’écriture et de tenue de crayon.

À 4 ans, vous pouvez complexifier et mettre davantage de notes, faire des montées et des descentes. Ils vont commencer à déchiffrer !

À partir de 5 ans, vous allez écrire la voyelle que vous chantez, en faisant les notes qui correspondent. « E » par exemple, écrite en cursive, ça commence en grave, ça monte aux médiums et ça redescend. Cela va les initier à l’écriture alphabétique.

Attention à ce que l’enfant distingue bien l’écriture des notes de l’écriture de sons alphabétiques par leur forme. Quand ils apprennent séparément, cela peut créer des confusions. Mais si vous faites cela harmonieusement, ça passera comme une lettre à la poste.

Histoire-géo

Voici un troisième exemple d’utilisation de la musique pour apprendre d’autres matières.

À partir d’une musique, vous pouvez découvrir avec les enfants différentes cultures et histoires et différents pays.

En écoutant attentivement la musique, vous pouvez déchiffrer diverses origines et manières de penser.

Prenez la musique afro-latine par exemple. En écoutant le rythme, vous pouvez deviner les origines africaines, trouver des similitudes entre les musiques traditionnelles congolaises et  sénégalaises et comprendre, en même temps, pourquoi c’est fait comme ça. Vous pouvez aussi entendre les mélodies et harmonies utilisées, peut-être empruntées aux Européens et vous demander pourquoi c’est fait comme ça. Une manière de voir la colonisation, l’esclavagisme, l’acculturation, l’arrivée des Espagnols, Français et Anglais sur le continent… etc.

Bon, j’avoue que ce programme-là est déjà pour les grands… mais vous voyez où je veux en venir.

Un autre exemple avec l’opus 1812 de Tchaïkovsky : c’est sa vision de la victoire russe dans cette guerre. Ou alors, écoutez la Marseillaise, les paroles pour en étudier les raisons.

La musique a été faite aussi pour rassembler et la Marseillaise, comme tous les hymnes en général, en est un bon exemple. Et puis, ils expliquent très bien l’origine et la mentalité originelle du pays. Même si actuellement, évidemment, cela ne nous parle plus…

Je sais que moi, dès l’élémentaire, j’adorais me mettre dans l’ambiance de l’époque que j’étudiais en écoutant la musique correspondante. On peut le faire même pour les Cro-Magnon ! Il suffit de prendre des bâtons et des cailloux : quels sons quand on veut faire un feu ? Ou avec des ustensiles, pour chasser ?

Je suis sûre que l’Histoire restera gravée plus longtemps dans la mémoire des enfants de cette manière-là. Car ils la vivent !

Le point final

Vous vous demandez : mais comment vais-je faire tout ça ? Vous n’êtes pas musicien.ne, vous n’avez peut-être pas les connaissances pour pouvoir faire tout un programme comme je viens de le décrire.

Mais réfléchissez bien : vous faites bien des recherches pour répondre aux questions de vos enfants. Alors, pourquoi ne pas aller plus loin ?

Imaginez le bien fou que cela va vous procurer, à vous et votre enfant. L’ambiance de la maison aura bien changé et en plus, devinez quoi : c’est une méthode anti-ennui ! Vous voyagez tout le temps, même confinés, et vous n’avez même pas besoin des écrans !

En plus de tous les bénéfices que je vous ai cités plus haut.

Comme dit la chanteuse cubaine, maintenant décédée, Célia Cruz : la vie est un carnaval, elle est faite pour rire !!

Bonne musique à vous !!!

Merci

Merci, Eirene, pour ce bel article très riche. Je suis sûre qu’il va semer des graines (ou des notes 😉) dans nos esprits… 

N’hésitez pas à aller voir son blog,  Petit Doremi, qui vous donnera encore plus de pistes vers l’apprentissage en musique !

N’oubliez pas de laisser un petit commentaire sous cet article pour dire ce que ça vous a inspiré. Êtes-vous prêt à mettre plus de musique dans vos vies ?

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3 commentaires

  • Jade

    Merci pour cet article très informatif ! En outre, concernant la musique, je pense qu’il est également utile de remarquer à quel point la musique est imbue de mathématiques — ce qui peut être un très grand avantage plus tard. À ce propos, en termes de pédagogie, que pensez-vous d’un jeu de cartes pour apprendre la musique ? Cela se concilie-t-il assez facilement ?

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