Comment le contrôle pédagogique a détruit la confiance de ma fille
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Comment le contrôle pédagogique a détruit la confiance de ma fille

Aujourd’hui c’est le contrôle pédagogique pour l’instruction en famille de mes enfants, nous sommes préparés, ma fille a une natte, des habits propres et veut montrer ce qu’elle sait faire, mon fils est sur son trente et un…

Je suis révoltée par leur façon de faire, révoltée par leur non-pédagogie !

Pourtant nous avons affaire à deux conseillers pédagogiques !

Je m’explique…

Remettons dans le contexte : 

J’ai deux enfants, Tilouann 11 ans et Loon 7 ans.

Sont présents deux conseillers pédagogiques : un pour l’entretien avec moi, un autre pour s’occuper de mes enfants.

Déjà, là, il y a un problème. 

Je ne vois pas comment un adulte peut être disponible pour évaluer deux enfants d’âge différent.

Le conseiller avec qui je fais l’entretien est très bienveillant, dans l’échange et à l’écoute.

Mais ce n’est pas le cas pour mes enfants…

Le contrôle pédagogique : supplice pour mes enfants

Loon est de décembre, elle est « évaluée » pour un niveau de fin CE1 alors que je lui ai dit que nous étions plutôt sur un début CE1.

À quelques mois près, elle était évaluée pour une fin de CP et même si elle avait été à l’école, elle aurait été à trois mois de la fin de l’année scolaire.

En plus, le contrôleur peut se référer aux attendus de fin de cycle, mais nous ne sommes pas obligés de les suivre.

Là, il reste bloqué sur la fin CE1, avec ses supers exercices présentés avec autant d’intérêt qu’un compte- rendu comptable : « elle n’est pas du tout au niveau attendu ! »

(Rappelons qu’il n’a pas le droit de faire référence à un niveau scolaire.)

Loon se retrouve devant un niveau qui ne lui correspond pas, avec un support qui n’a rien à voir avec ce que nous faisons ensemble, avec un inconnu dans une salle de réunion

Elle se décompose, se ferme, elle panique.

À partir de ce moment-là, elle arrête de parler et de vouloir coopérer.

Lui de noter : non acquis, très faible…

Et il continue sa torture sans jamais remettre en question son évaluation.

« Si vous utilisiez ses supports ? Je les ai tous apportés… »

Mais oui, bien sûr, autant pisser dans un violon…

Il ne les ouvre même pas, son cerveau reste focus sur son truc, comme un cheval de trait avec ses oeillères en train de retourner un champ de patates !

Au placard la confiance en soi !

Je passe une grande énergie à cultiver la confiance, l’estime qu’ils ont en eux.

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J’essaie de les motiver, de les valoriser, de trouver des supports et des approches stimulants et qui ont du sens…

C’est juste les bases d’un apprentissage réussi.

Sans motivation, l’instruction a lieu dans la douleur.

Et là, en une heure de temps, ma fille se sent nulle car elle ne répond pas, elle ne sait pas, rien.

Et encore, elle n’entend pas le retour qu’il me fait.

Heureusement que je prévois le coup, que je m’attends à ses petits mots doux et mesurés et que  je demande aux enfants de sortir avec leur papa…

On passe à son super bilan ?

Ah, non, juste avant j’aborde ce qu’il se passe en parallèle avec l’autre conseiller.

Le jour et la nuit, le méchant et le gentil flic… 

Le sketch, il vaut mieux en rire…

Donc un monsieur très intéressé par notre mode de vie, très confiant et agréable.

« Vous faites un super travail avec vos enfants, je ne peux que vous encourager, continuez comme ça. »

C’est un peu vite résumé, mais conforme à l’ambiance générale de l’échange.

Lorsque Loon termine son supplice, elle vient sur mes genoux, tellement mal et désemparée.

La personne en charge de mon entretien lui parle gentiment durant 5 minutes, il prend le temps d’établir un lien.

Ensuite, il lui pose quelques questions à l’oral en français, maths, anglais, toujours dans la bienveillance.

Et comme par magie, elle s’ouvre à nouveau et répond à toutes ses questions, sans soucis.

Durant tout ce temps, Tilouann enchaîne ses feuilles d’exercices, en mode élève imperturbable. 

Il m’impressionne, il s’impressionne lui même je pense.

Il est sûr d’être au top !

Sur ce, les enfants sortent et nous passons à leur bilan, les deux conseillers face à moi.

Bilan du contrôle pédagogique : attention, prêt, tirez !

« Je m’inquiète beaucoup pour Tilouann et Loon…

Loon n’a rien dit, rien fait, je ne suis pas sûr qu’elle apprend quoi que ce soit.

Je vais avoir besoin de la revoir.

Et c’est pareil pour Tilouann, il n’a pas progressé par rapport à l’année précédente… »

Et blablabli, blablabla…

Je ne vais pas ressortir toutes les énormités tellement c’était immonde, faux, grotesque.

C’est quand même lui qui a testé Tilouann l’année précédente et ses progrès sont incontestables. 

Même l’autre conseiller n’en revient pas !

Si ça n’était pas notre réalité, j’applaudirais ses talents de maître en science-fiction !

Du grand art, du grand n’importe quoi !

Monsieur le petit chef a parlé.

Évidemment je lui dit ce que je pense, en me modérant à fond histoire de ne pas l’égorger mais le violon commence à être bien arrosé !

Ils me laissent partir en me disant qu’ils me tiennent vite au courant, je leur demande de ne pas me laisser trop longtemps dans l’attente de leur verdict suprême…

Un mois après, je demande le rapport.

Pas de second contrôle, rapport positif, progression à surveiller.

Tout ça pour ça, merci au revoir !

Un petit mot pour la fin

Ça m’a remise face à cette institution et tout ce qui a fait que j’ai démissionné. 

Je m’étais dit, plus jamais ça, plus comme ça, au secours…

Les personnes qui ont aimé cet article ont aussi lu :  Comment je prépare notre contrôle, suite

Et bien cette fois-ci j’ai eu envie de tout arrêter, je parle de mon activité d’accompagnante en IEF et du blog.

Je suis encore confrontée à cette institution archaïque, bornée, stagnante, jugeante, dévalorisante… à côté de la plaque. 

Et je n’en ai plus envie.

À ce moment-là, j’accompagnais un groupe d’une trentaine de parents en train de faire leur demande d’autorisation. 

Et ce sont eux qui m’ont persuadée de continuer à les aider, de continuer à faire ce que je faisais.

« OK, encore un moment. Vous m’avez touchée au coeur. »

J’écris cet article 4 mois après le contrôle.

Besoin de digérer.

Est-ce que ce bilan fait écho avec votre contrôle ? Je serais curieuse de vous lire dans les commentaires !

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7 commentaires

  • Jan Steele

    Je suis vraiment navrée que vous ayez dû passer ce moment inutilement désagréable.

    Difficile de comprendre comment, d’un côté, on peut vous féliciter du travail que vous faites avec vos enfants — (la seule vraie évaluation dont il devrait être question lors d’un contrôle pédagogique) — alors que de l’autre côté, on essaye de mesurer la pédagogie par une « performance » des enfants.

    Toute personne ayant suivi la moindre petite formation en pédagogie — (n’est pas le cas chez TOUS qui travaillent pour l’éducation nationale ?! Osons rêver…) — sait bien qu’une pédagogie de qualité ne se mesure pas par les résultats d’élèves.

    C’est fatiguant, à la longue, de devoir rappeler le fond d’un métier à ceux qui l’exercent tous les jours.

    Tout ce trauma pour que, en plus, votre contrôle soit positif à la fin. « Bienveillance »… mon oeil !

    En tout cas, courage pour la suite.

  • Chrystel

    Bonjour, je nous retrouve dans cette article ma fille et moi.
    L’ief pour nous était l’année 2021/2022, niveau 6eme après 4 année passée dans une école Montessori. ( ma fille est Tdah modérée et fait de la phobie scolaire, mais ça n’a pas été du tout pris en compte lors du contrôle).
    JJe me suis retrouvé propulsé dans l’accompagnement de ma fille pas du tout scolaire ça a été très difficile et tendue malgré tout je la savais capable.
    Bref le contrôle c’est passé à peu près comme vous, nous, nous n’avions qu’une inspectrice qui a évaluée selon ses critères sans regarder ce que ma fille avait fait, aucun cahiers ou récits et créations n’on été vue par l’inspectrice , elle lui a fait faire une lecture suivie de questions pour la compréhension de texte, une dictée, ensuite quelques questions en mathématiques et emc. Ma fille pas a l’aise et stressé a répondu parfois a côté de la plaque…. ce qui a donné à l’inspectrice « le droit  » de juger ma fille inapte et moi de même.
    Suite à cela ma fille ne souhaitais plus faire l’ief, ( moi j’étais encore dans l’illusion que peut-être ça s’arrangerait) elle trouvait cela trop stressant et sacagant notre relation et l’ambiance de notre lieu ressources, la maison, elle voulait aller au collège.
    Année 2022/2023 ma fille rentre en 5ème des le 1er trimestre elle s’adapte et a17 de moyenne.
    Ainsi que le 2ème, seulement arrivée 15 jours avant les vacances de printemps elle sature complètement, ras le bol des devoirs, de n’avoir plus de temps pour se détendre ou faire des activités artistiques, elle rejette tout en bloc ne veut plus entendre parler du collège, j’avertis la prof principale que ma fille fait une pause qu’au vue de son état la phobie scolaire repointe son nez et que nous aviserons après les vacances.
    Par chance la prof principale a été très compréhensive et a abondé dans notre sens, complétant qu’au vu des résultats scolaires de Margot elle avait fait ces preuves et qu’il ne servait à rien d’insister à ce qu’elle revienne au risque d’´amplifier le malaise.
    Du coup pour la 4ème en collaboration avec la psychologue du collège un aménagement scolaire sera mis en place pour que Margot puisse faire l’année avec moins de contraintes. Cela sera fait plus précisément à la prochaine rentrée.
    Margot m’a récemment dit qu’elle aurait aimé revoir cette inspectrice et lui mettre ses bulletins de notes sous le nez , lui faire regretter d’avoir essayé de lui saper sa confiance ainsi que la mienne, j’avoue, aurais aimé aussi…

  • Egline

    Nous avons le droit de rester avec nos enfants pendant qu’ils font les exercices de l’inspection académique, le saviez- vous ?

    Chaque année j’y vais en louve, et chaque année je dois affirmer nos droits.
    Donc cette année encore j’insiste pour rester ensemble, cette année encore on me dit que ce serait mieux pour des raisons d’organisation qui les arrange, et au final mon fils fait ses exercices en ma présence, heureusement.
    Au début l’inspecteur me fait un laïus sur les « troubles de l’apprentissage » comme s’il comprenait et s’adaptait mais en fait c’est pour mieux les gommer.

    J’ai dû m’imposer avec nos outils car il est parti dans un marathon- défi sans tenir compte des spécificités de mon fils. Pour inspecter de la grammaire faire des symboles Montessori est amplement suffisant, mais l’inspecteur demande de recopier des mots dans un tableau alors que mon fils dysgraphique fait déjà de son mieux avec son visage concentré. Je demande à passer à l’oral dès que nécessaire et interviens pour adapter les exercices.
    C’est un combat car ce n’est pas fluide, l’inspecteur tente de faire à sa façon jusqu’à ce que j’élève la voix.
    Il semble impressionné et je lui réponds que chaque élève devrait avoir le droit à ce que son profil personnel soit considéré et les apprentissages adaptés, il dit que dans l’éducation nationale ce n’est pas possible et je lui fais comprendre que c’est pour cela que nous faisons l’instruction en famille.

    Une fois que j’ai gagné le bras de fer, mon fils est considéré comme au dessus du niveau que nous étudions et il nous est conseillé de sauter dans la classe supérieure, ce que mon fils refuse de faire pour éviter des manques, donc je le suis.
    C’est cela l’école à la maison : nous ne disons plus « troubles » mais « profil » et il souhaite prendre le temps de faire son CM2 même s’il a l’âge de passer en 6ème.
    D’ailleurs si l’éducation nationale avait assuré il n’y aurait pas cette année de décalage donc qu’ils nous laissent tranquille et qu’on ne lui mettre pas la pression alors que c’est de leur responsabilité.

    Et je trouve notre situation plutôt confortable.
    Quand je pense à ces familles dont la demande est refusée ou celles qui ne savent pas se défendre face à la pression de l’inspection ou que sais- je encore, je me sens vraiment dans l’empathie et la solidarité.
    J’espère que Tilouann et Loon ont su laisser les inspecteurs dans leur bureau et qu’ils continuent de cultiver la confiance en eux.

    Merci d’avoir lu le pavé 🙂

  • Marie

    Un grand MERCi d’avoir pris le temps de publier cet article! Il m’a tellement soulagée après le traumatisme de notre 3ème controle ief (jugé négatif), après 2 années de rapports positifs!

    A chaque fois, même constat: je suis effarée, choquée et dégoutée du traitement hautain, inconsidéré et disons-le tout net, humiliant qui nous est infligé à nous et à nos enfants, au mépris total des efforts surhumains que nous fournissons au quotidien pour gérer notre temps et nos ressources afin que nos enfants soient épanouis …

    Mépris total aussi des cas particuliers (mais j’estime que tous les enfants ief le sont puisque sans circonstances particulières, pas d’autorisation d’ief)…Tous les ans avoir à réexpliquer mot pour mot ce qu’on a dit les 2 années précédentes (l’inspecteur m’a même demandé de lui épeler TDAH!!), envie de lui jeter ses 2 rapports précédents à la figure en lui disant de les recopier pour gagner du temps…

    Au bout d’une heure de calvaire pour mon fils ( pris en sandwich entre l’inspecteur et la conseillère pédagogique-parfait pour un enfant qui à des troubles de l’attention!), le couperet tombe: résultats insuffisants « surtout que l’an prochain il doit entrer en 6ème » (il fait un cm1 actuellement et s’en sort très bien) parce qu’évidemment, il faut rentrer à tout prix dans le moule et le stéréotype d’un niveau par âge…On croit rêver!
    L’air navré de l’inspecteur qui me demande si je ne veux pas plutôt le remettre à l’école au lieu de passer un 2eme contrôle…

    Suivi de 24h de déprime totale à la maison, la culpabilité qui me ronge à chaque fois car je sens que j’aurais du mieux me défendre, insister pour m’asseoir à côté de mon fils, mieux le préparer en amont…envie de tout plaquer, sentiment d’être perdue et isolée, chagrin de mon fils qui se sent « nul »…

    Constat désolant aussi que quels que soient les moyens mis en oeuvre du côté des familles, on sera toujours jugés et condamnés par rapport à la grille scolaire, en contradiction totale avec le fait même de pratiquer l’ief!! Si notre enfant ne se comporte pas en petit singe savant, aucune chance d’obtenir la miséricorde des tous puissants « serpents cravatés » pour reprendre l’expression d’une autre maman ief…

    Et tout ça après avoir fait bac +4, été prof à l’étranger, fille de directeur d’école…Je me rends bien compte que tout est fait pour nous diminuer et nous décourager…Belle mentalité au pays des droits de l’homme!

    Je souhaite donc force et courage à tous les parents ief, et vais me retrousser les manches dès lundi pour préparer la prochaine bataille du 2eme contrôle du mois de mai!

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