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apprentissages

Comment se font les apprentissages ?

Un petit exercice :

Avant de commencer, je vais vous poser quelques questions. Prenez quelques minutes pour y réfléchir et si vous le pouvez, partagez vos réponses dans les commentaires.

  • Rappelez-vous la dernière fois où vous avez appris quelque chose.
  • Quand est-ce que c’était ?
  • Qu’est-ce que c’était ?
  • Comment avez vu retenu cet apprentissage ?
  • À votre avis, pourquoi vous en souvenez-vous ?

Je vais moi-même répondre : la dernière fois que j’ai appris quelque chose, c’était hier. J’ai appris à me servir d’un logiciel (audacity) pour pouvoir créer des podcasts. J’ai retenu en faisant en même temps qu’on me montrait, en suivant pas à pas la démonstration. Je m’en souviens, car c’est une information que j’ai été chercher. J’avais vraiment besoin de savoir comment faire pour arriver à publier mon premier podcast. C’est quelque chose qui m’est utile et dont je vais me servir souvent.

Demandez-vous quelle est la chose la plus importante, pour vous, pour qu’un apprentissage ait lieu. (J’apprécierais également que vous partagiez votre réponse dans les commentaires).

Les obstacles à l’apprentissage

Les apprentissages se font naturellement, chez tout le monde, quel que soit l’âge… à condition que nous soyons disposés, mentalement et physiquement. Apprendre peut être difficile dans certaines situations.

Le stress

Un des obstacles aux apprentissages est le stress. Par exemple si on nous demande d’aller plus vite, ça peut générer un stress qui nous empêchera d’apprendre. Nous faisons alors les choses dans la précipitation, en subissant la pression de quelqu’un. L’esprit de compétition, souvent amené par la comparaison, l’évaluation, peut également être une source d’angoisse chez certains, plus qu’une motivation. C’est mon cas ! Dès qu’il y a compétition, je m’écarte, je ne fais pas, ça me stresse !

Petite parenthèse : il existe un lien entre les « troubles de l’apprentissage » et le stress. Si les enfants soi-disant atteints de ces troubles sont placés dans une situation moins stressante, il n’est pas rare que les problèmes disparaissent.

Les émotions négatives

De même, pour les émotions négatives telles que la peur, l’ennui, le désintérêt, l’humiliation… Nous retrouvons souvent ces émotions chez les enfants, durant leur parcours scolaire:

La peur d’arriver en retard, de louper son interrogation et d’avoir une mauvaise note.

La peur de décevoir ses parents ou la maîtresse s’il (ou elle) ne répond pas à leurs attentes.

Ou encore la crainte de se retrouver nez à nez avec un autre élève qui le (la) persécute…

L’ennui

L’ennui est un obstacle à l’apprentissage

En ce qui concerne le désintérêt, il me semble évident qu’il est bien moins facile de retenir une notion qui ne nous intéresse pas que quelque chose qui nous passionne ! Et si nous arrivons, après de gros efforts, à retenir quelque chose, nous l’oublions bien vite, par exemple une fois que l’interro est passée ! (Ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé.)

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Les violences éducatives ordinaires

Enfin, les humiliations font malheureusement partie des violences éducatives ordinaires, cela passe presque inaperçu. Je me souviens, petite, en classe de CE1, j’étais tout le temps assise avec un pied sous les fesses qui dépassait légèrement. Mon maître, lorsqu’il circulait dans les rangs, saisissait ce pied et me soulevait par ce dernier. Je me retrouvais la tête en bas devant tous mes camarades, qui bien sûr étaient morts de rire…

Les besoins physiologiques non comblés

De plus, si les besoins physiologiques de l’enfant sont non comblés, ça peut également nuire aux apprentissages. Je vous rappelle que ces besoins sont : l’alimentation, l’élimination, le contact, le sommeil, la présence de la personne de rattachement.

L’école ne permet pas toujours de répondre à ces besoins. Souvent les élèves sont fatigués, car le rythme qui leur est imposé est infernal, parfois pire que celui des adultes. De plus, ceux qui n’ont pas faim au réveil n’ont pas toujours la possibilité de manger avant le repas du midi. Et puis même chose pour faire pipi, il faut souvent attendre la récré ! Du coup, est-ce que l’école est le meilleur endroit pour apprendre ? C’est une réflexion à méditer… Toutefois, j’ai conscience que ce n’est pas toujours possible de faire autrement et aussi qu’il existe des adultes vraiment bienveillants, même à l’école ! Je ne jette la pierre à personne, je me pose juste la question.

Ce qui favorise les apprentissages

Au contraire, il existe différents facteurs qui peuvent favoriser l’apprendre.

Les bonnes relations, la confiance que l’on porte à celui qui nous transmet son savoir peut être un facteur déterminant. Si le sujet passionne l’enseignant, ça passe également beaucoup mieux.

De plus, la confiance marche à double sens. Si l’apprenant sent qu’on lui fait confiance, il sera « boosté » et sentira qu’il est capable de beaucoup de choses.

En effet, il faut instaurer un climat de sécurité, mettre de la bienveillance entre l’apprenant et l’enseignant pour que le partage de connaissances se fasse dans les meilleures conditions possible.

Il me semble également qu’il faut laisser le temps, ne pas vouloir instaurer un rythme. Par exemple, pour apprendre à faire les lacets, il faut observer celui qui sait faire et être patient, s’entraîner encore et encore. Si tous les matins c’est la course, il sera beaucoup plus long d’apprendre. Chacun son rythme. Laissons le temps au temps !

« Les enfants sont des philosophes, ils aiment éliminer les contradictions. (…) Ils aiment donner du sens aux choses. Cependant, il faut qu’ils puissent le faire à leur manière et à leur rythme. » John Holt, les apprentissages autonomes.

Le fait d’être dehors le plus possible, d’être en contact avec la nature constitue une ressource inépuisable aux apprentissages. L’extérieur est vital, ça apaise. L’enfant apprend au contact de ce qui l’entoure et donc énormément dans la nature.

Les apprentissages spontanés

Comme je le disais dans cet article, dans le chapitre sur l’unschooling, l’être humain né « pas fini » (il ne sait pas parler, il est très dépendant) afin de s’adapter au mieux à la société qui l’entoure. En effet, naître à paris ou à Porto Novo (capitale du Bénin), ce n’est pas tout à fait la même chose ! Par conséquent, nous comprenons aisément qu’apprendre est un élan vital de chaque instant. Apprendre au contact de ses pairs, avec tous les humains et de tous les âges !

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C’est aussi ce qu’on appelle les apprentissages spontanés. C’est un processus irrépressible, qu’on ne peut contrôler. Du coup un enfant apprend chaque jour en interaction avec son entourage en suivant ses propres intérêts, et ce, même s’il n’y a pas de programme préétabli.

En effet, il ne nous reste plus qu’à avoir confiance dans le désir d’apprentissage des enfants lorsqu’ils sont motivés par un nouveau savoir qui fait sens pour eux. Ayons confiance dans leurs capacités d’apprentissage.

En fait, apprendre c’est une manière d’appréhender et de donner du sens au monde qui les entoure.

« Les enfants sont passionnément désireux de comprendre le monde qui les entoure, ils sont très doués pour ça et ils le font à la manière des scientifiques, en créant de la connaissance à partir de l’expérience. Ils observent, s’interrogent, découvrent, élaborent et ensuite ils testent les réponses aux questions qu’ils se posent. » John Holt, les apprentissages autonomes.

Nous apprenons de toutes nos expériences. Vivre c’est apprendre. Ce besoin de comprendre le monde et d’y accomplir des choses est tellement fort que nous pourrions le qualifier de physiologique.

Les processus d’apprentissage

Que fait-on lorsqu’on est en train d’apprendre ?

On observe, on regarde, on écoute. On touche, goûte, sent, manipule, imite et parfois on mesure et on calcule. Et bien sûr, on s’interroge, on invente des théories, ce que les scientifiques nomment les hypothèses.

En fait, les enfants créent du savoir. C’est-à-dire qu’ils observent, pensent, spéculent, théorisent, testent et expérimentent tout le temps.

« Les enfants, sans qu’il soit besoin de les forcer ou de les manipuler, ou de

les placer dans un environnement exotique spécialement conçu, ou sans qu’on planifie ou ordonne leur réflexion à leur place, peuvent, veulent et vont recueillir dans le monde qui les entoure des informations importantes sur ce que nous appelons les bases. » Préface de les apprentissages autonomes, John Holt.

Pour résumer en une phrase : l’enseignement ne produit pas de l’apprentissage. En effet, comme nous venons de le voir, c’est un peu plus complexe que ça. L’enseignement, s’il est attendu et désiré peut bien sûr produire de l’apprentissage, mais pas s’il en est le point de départ.

Du coup, les parents sans formation particulière sont parfaitement capables d’accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages. Ils doivent pour cela simplement l’observer, être attentifs, ne répondre qu’à ses questions et lui fournir un environnement riche. Il lui suffit également de lui permettre de l’accompagner dans sa vie, de partager son quotidien et de l’aider s’il le demande.

En effet, ils apprennent bien plus à partir de choses naturelles ou fabriquées, qui sont réelles et qui ont du sens. Ils sont plus intéressés par les objets et les outils que nous utilisons dans notre quotidien.

En conclusion, la manière dont nous pouvons le mieux aider les enfants à apprendre c’est de leur rendre le monde accessible et de les aider à explorer les domaines qui les intéressent.

Finalement, tout est à portée de mains, tout autour de nous. Le plus beau cadeau que nous pouvons leur faire, c’est notre temps.

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6 commentaires

  • Dugrit

    Merci pour ce bel article qui retranscrit à mon sens le plus important. Faisons confiance à nos enfants et accompagnons les à révéler leurs talents naturels.
    Actuellement en tour du monde et en unschooling pour mes 2 voyageuses.
    Au plaisir de te lire.

  • Denise

    Merci pour ce bel article qui tombe à pic pour moi ! Je viens de commencer l’IEF et j’ai déjà des repproches comme quoi je ne fais pas assez travailler mes filles 😪
    Pour Répondre à tes questions :
    Rappelez-vous la dernière fois où vous avez appris quelque chose.
    Quand est-ce que c’était ?
    -Le 14 décembre 2018
    Qu’est-ce que c’était ?
    -La pratique du snowboard
    Comment avez vu retenu cet apprentissage
    -En observant, en suivant et en écoutant les conseils
    À votre avis, pourquoi vous en souvenez-vous ?
    -Parce que c’est moi qui ai décidé d’apprendre le snowboard
    Demandez-vous quelle est la chose la plus importante, pour vous, pour qu’un apprentissage ait lieu.
    – être acteur dans la démarche et être encouragé

  • Hélène

    Superbe article qui me conforte dans ma voie de la descolarisation de mon grand !
    La dernière chose que j’ai appris ? La rédaction web, en suivant une formation et en pratiquant, c’est en forgeant qu’on devient forgeron 🙂 Les retours positifs ont renforcé mon envie d’apprendre et mon besoin de réassurance.

  • Kleiber

    Bonjour
    un joli article
    en effet j’apprends pleins de chose en ce moment sur la génétique pour mes chats , du coup comme je veux comprendre le fonctionnement des couleurs chez les chats , je fait des recherches sur internet, dans un livre … j essaye de comprendre mais personne ne m y oblige , je le fais par pur plaisir et du coup ça me passionne encore plus.

    bravo à vous pour vos jolis articles

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