gaver ou instruire ses enfants
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Confinement : instruire ou gaver ses enfants avec les devoirs ?

Depuis les évènements du coronavirus et du confinement, plusieurs amis m’ont appelée pour me demander conseil. En gros, leur plus gros problème était de savoir comment faire faire leurs devoirs à leurs enfants. Devoirs ou plutôt journée de classe ! 

La plupart se retrouvent avec un programme plus que chargé, avec des exercices quotidiens à exécuter, et ce  dans toutes les matières.

Des parents craquent

En fouillant un peu sur les réseaux sociaux et notamment sur les réseaux dédiés à la parentalité positive, je me suis retrouvée à lire des appels à l’aide de parents désemparés, exaspérés, prêts à craquer… à cause des devoirs à faire exécuter à leurs enfants pas du tout motivés !

En résumé, ça peut donner quelque chose comme ça :

« Mais comment font tous ces enseignants pour faire travailler nos enfants ? Et en plus, il paraît que ça se passe plutôt bien lorsqu’ils sont à l’école. Déjà, c’était la croix et la bannière pour leur faire faire 20 minutes de devoirs le soir, alors là, c’est l’apocalypse, je n’en peux plus ! Je ne sais plus comment m’y prendre, je m’énerve, ça finit en pleurs. Et si mes enfants prenaient du retard ? »

Bon, alors, essayons d’analyser tout ça. Je vais être honnête avec vous, je trouve que de mettre les parents dans cette situation est révoltant et même dangereux… pour les enfants.

Bref, nous en parlerons plus tard, mais c’est vrai que je bouillonne, je fulmine, j’enrage…

Les parents ne sont pas des enseignants

Tout d’abord, nous sommes bien d’accord qu’à la maison, aucune nouvelle notion ne doit être abordée, seulement des révisions. Alors comment ça se fait que des enfants se retrouvent en difficulté devant des problèmes qu’ils ne comprennent pas, des notions non acquises ? 

C’est bien dans ces moments là qu’on se rend compte que les bases ne sont pas posées, que beaucoup de choses sont oubliées. 

L’enseignant a un programme super chargé. Et il avance, sans se retourner. Dans un mois les évaluations seront à passées, les livrets à remplir, il ne peut pas se permettre de revoir des notions normalement acquises l’année passée… Et puis, la majorité a compris, n’est-ce pas ?

Par conséquent nous voyons bien la limite de notre système. Les apprentissages sont imposés, dans un ordre imposé, à un moment imposé et souvent de façon abstraite, avec un nombre de poussins, de billes dans une cour de récré ou la vitesse d’un train entre deux points… Vous pensez vraiment que ça donne du sens aux apprentissages ?

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Sur un court terme peut-être que l’enfant va réussir à acquérir un automatisme, à force d’exercices et de répétition. Mais que va-t-il rester sur le long terme ? Éventuellement quelques traces, parfois de la compréhension et parfois un épais brouillard dans lequel le mental se perd.

Soyons honnêtes, pour réussir à faire rentrer de force un apprentissage dans le cerveau d’un élève alors qu’il ne s’était absolument pas intéressé au sujet, il faut être sacrément pédagogue, être un professionnel de l’enseignement. Apprendre de cette façon, ce n’est absolument pas naturel, la contrainte est énorme. Les professeurs ont fait des années d’étude pour réussir à faire quelque chose dans ce goût-là, pour pouvoir faire apprendre et obéir leurs élèves.

Un petit rappel sur la façon dont les enfants apprennent : c’est ici.

Pour être claire, il n’est pas étonnant que les parents se trouvent complètement désemparés devant cette tâche. Ce n’est pas facile de gaver ses enfants.

De la contrainte… à la maltraitance

Et si parlions des tensions que ça peut créer ? Et des conséquences que ça peut avoir sur les liens parents-enfants ?

La situation est déjà assez particulière et anxiogène comme ça. Beaucoup de parents n’ont pas l’habitude de se retrouver des journées entières avec leurs enfants. La tension peut monter. Et il n’y a plus d’échappatoires. Ils sont alors obligés, en tant que parents, d’affronter leurs démons sans démonter leurs enfants

Et ça, tout le monde y est confronté par moment. Pas facile de gérer ses émotions. Les enfants sont très forts pour appuyer sur le bouton rouge, n’est-ce pas ?

Alors, imaginez cette situation en rajoutant une contrainte, et pas des moindres, supplémentaire. Le fait de devoir faire classe à son enfant qui n’en a absolument pas envie, et souvent un parent qui n’en a pas plus envie et avec un réservoir affectif vide… C’est comme si nous allumions la mèche d’une bombe. 

C’est contribuer à la violence éducative ordinaire ou même extraordinaire pouvant même aller jusqu’à la maltraitance. 

Ne pas prendre cette dimension en cause, de la part des enseignants, c’est manquer à ses responsabilités.

Si des parents aiment s’occuper de ça et partager ces moments avec les enfants, alors pas de problème, c’est chouette. Cependant, si c’est une source de conflit et de tension, je pense que ce n’est pas la peine. 

Revoir ses priorités

Honnêtement, quelle est la priorité ? Prendre soin les uns des autres au sein d’une famille, passer cette épreuve ensemble et si possible essayer de créer du lien ou au contraire se mettre la pression pour faire rentrer dans le crâne à nos enfants des notions qu’ils ont déjà vues et qu’ils reverront ensuite ? Il n’y a pas photo…

Et puis, en toute sincérité, est-ce grave si sur 13 ans de scolarité obligatoire, les enfants loupent un, deux ou même trois mois ?

En plus, il est évident que des familles n’arriveront pas à faire « réviser » leurs enfants ou encore d’autres qui ne le feront pas, tout simplement. Donc, ça va contribuer à creuser des différences de niveau.

L’instruction en famille, ce n’est pas ça !

Il me semblerait plus judicieux de proposer des activités plus naturelles, qui sortent un peu du commun, des jeux ludiques et créatifs à faire avec toute la famille. (Il y a plein de ressources sur le blog et encore plus sur le web). Et surtout, ne pas rendre ces exercices obligatoires. Certains instits vont même jusqu’à menacer leurs élèves de punitions s’ils ne rendent pas leurs devoirs… au secours !

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Parfois, j’ai l’impression que tout est mis en place pour empêcher les parents d’aimer avoir leurs enfants à la maison. Est-ce volontaire ?

De la part des enseignants, sûrement pas. Ils sont formatés, ils ont une telle pression sur les épaules, que je pense que c’est inconscient de leur part. 

Par contre, je ne sais pas si ce n’est pas conscient pour d’autres personnes, plus haut placées… à méditer.

J’aurais envie de faire passer ce message : l’instruction en famille, ce n’est pas comme ça ! Et j’aimerais que vous partagiez également votre expérience autour de vous de parents iefeurs.

Une fois les murs de l’école enlevés, il existe de multiples façons d’apprendre, respectueuses et naturelles. Un enfant apprend chaque jour, de toutes les situations. Pour vous en rendre compte, vous pouvez regarder l’article « comment monter un projet (autour de la lune) en fonction de l’intérêt de ses enfants ».

Dans cet exemple, vous verrez que les apprentissages ont été motivés uniquement par l’envie d’en savoir plus de mes enfants. Ça n’a pas empêché que de multiples compétences soient travaillées, des compétences dites scolaires. Pourtant, rien n’a été fait pour… Pour justement mettre en relief cet aspect des apprentissages naturels, j’ai listé les compétences des programmes travaillées.

Il n’est pas nécessaire d’avoir fait de longues études dans les sciences de l’éducation pour vivre avec ses enfants, partager avec eux ses passions, prendre soin d’eux et cultiver leur soif d’apprendre toute naturelle et vitale. Il ne s’agit pas de les forcer, ce qui est très compliqué, mais de les accompagner au mieux sur leur chemin de vie. Il suffit de croire en eux, de leur faire confiance et de réussir à mettre de côté nos doutes et peurs issues de notre éducation (bon, OK, ça, c’est la partie pas évidente de l’IEF).

Revenons sur l’essentiel

Je vais quand même revenir sur le sujet premier de cet article. Le message important c’est qu’il est possible d’apprendre avec plaisir, que nous ne sommes pas obligés de gaver nos enfants. Même en étant enfermés, il est possible de trouver des idées originales, créatives, pour partager des moments qui créent du lien entre tous les membres de la famille.

Si les devoirs engendrent du stress, de la tension, des engueulades, laissez-les tomber. L’important est de prendre soin de vous

D’un point de vue santé, il est vraiment conseillé de diminuer au maximum le stress, l’angoisse, pour ne pas tomber malade. Franchement, tout le monde s’en portera bien mieux.

Si au contraire, faire les devoirs avec vos enfants vous procure du plaisir et qu’il est partagé, allez-y à 100%.

L’idée est bien la suivante : prenez soin de vous et des vôtres, abandonnez toutes contraintes inutiles, cette situation ne se présentera qu’une fois dans votre vie (je l’espère), pensez-y !

Partagez au maximum votre façon de faire, vous parents qui avez l’habitude de fonctionner avec vos enfants et de vivre quotidiennement avec eux. Faites-le dans les commentaires et partagez l’article ❤️ Nous avons peut-être un rôle à jouer, nous parents « non sco ».

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