Livres

Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du Unschooling. Mélissa Plavis

Publié en 2017, 227 pages

Quatrième de couverture

Parce que l’école n’est pas obligatoire, certaines familles font le choix de l’IEF (instruction en famille). Alors que certaines d’entre elles pratiquent l’école à la maison, d’autres pensent ou constatent que « l’instruction ne se donne pas, mais qu’elle se prend » et font l’expérience du unschooling en laissant leurs enfants libres de leurs apprentissages et en ne leur imposant ni programme ni horaires spécifiques.

Au fil de nombreux témoignages, vous vivrez la réalité des apprentissages informels ou autogérés. Puisque « tout est dans tout », parce qu’apprendre est vivre et vivre est apprendre, alors toutes les entrées seront pertinentes pour découvrir le monde. Bien plutôt que tous seuls, les unschoolers apprennent par eux-mêmes, avec les autres et dans le monde.

Mélissa Plavis donne ici à penser et à observer l’expérience du unschooling en mêlant philosophie et anthropologie. Elle déconstruit les a priori concernant les conditions de possibilités du unschooling et démontre qu’il permet, voire facilite la socia(bi)lisation. Elle fait également l’hypothèse que le unschooling est une pratique écologique, au sens généralisé du terme. En effet, plus qu’un mode d’instruction, il semble être un mode d’être et de vivre qui vise à prendre soin des relations – à soi, aux autres et au monde – et à sortir, tant que possible, de toutes les dominations.

Chronique du livre : 

Je découvre ce livre et cette auteure juste après avoir lu un livre sur les oppressions faites aux femmes par le passé. 

Ce dernier, que j’ai adoré, m’avait mis dans un état confus. J’ai eu une espèce de révélation sur le poids que je portais sur les épaules sans trop savoir pourquoi, j’étais révoltée, en colère, indignée, triste et aussi compréhensive vis-à-vis de certains comportements, car j’avais aperçu les mécanismes mis en place depuis plusieurs générations. Je ne vais pas en parler ici, car ce n’est pas en rapport avec l’IEF, cependant je vous en donne tout de même le titre « sorcières » de Mona Chollet.

Toujours est-il, qu’à la fin de ce bouquin, j’étais un peu perdue : peut-on être féministe et maman ? Peut-on décider de ne pas mettre ses enfants à l’école tout en restant libre ? Est-ce que j’avais réellement désiré avoir des enfants ou est-ce que c’est plus culturel qu’autre chose ? Où plus exactement, quel rôle mon ancrage culturel a joué dans mon désir d’avoir des enfants ? Quel est ma mission, mon rôle, dans cette société que je critique et dont je suis en marge ? Est-ce que je fais réellement ma part comme le petit colibri ? (Pierre Rabhi)

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Et là, je lis ce superbe livre de Mélissa Plavis qui, comme par magie, vient faire écho au premier et répondre à toutes les questions que ça avait soulevées chez moi. Une espèce de lien entre ma réalité de vie et la condition des femmes en général et dans l’histoire. Ce lien est bien sûr tout personnel, mais en tout cas ça m’a donné envie de vous parler de ce livre.

Préface 

La préface de Jean-Pierre Lepri commence très fort. Je donne juste un aperçu avec cette citation

« l’école a fabriqué son contingent de « chair à canon » {…}Par la suite, l’école a fabriqué de la « chair à patrons », puis de nos jours de la « chair à con(sommation) »

Jean Pierre Lepri

J’adore le dernier jeu de mots ! 

Il prend en compte les situations familiales dures pour qui l’école est un moindre mal, mais ne ménage pas ses mots, avec justesse.

Introduction

Elle y décrit ce qu’est l’unschooling et comment il s’inscrit dans l’instruction en famille avec des chiffres, des graphismes…

Elle aborde également la « difficulté à décrire positivement le unschooling ». Il est vrai qu’il est plus facile de dire ce qu’il n’est pas que ce qu’il est… c’est toujours en référence à la norme qu’on le décrit.

Pédagogie-s ou A-pédagogie ?

Dans ce chapitre elle aborde les limites du système unilatéral tel qu’il est pratiqué par exemple à l’école, sur la compréhension des savoirs et également sur l’évaluation, qui ne peut faire un état des lieux de la compréhension d’un savoir par un enfant.

Elle soulève le fait que les découvertes scientifiques n’existeraient pas si l’acquisition d’un savoir se limitait à la transmission.

Mélissa Plavis met l’accent sur le fait d’ « accepter de perdre son pouvoir sur » pour « regagner son pouvoir de », vers un rapport de non-domination.

Dans ce chapitre, elle nous parle également de la pédagogie Freinet, du tâtonnement expérimental, du caractère inné du fait d’apprendre, des relations horizontales (non hiérarchiques)…

Ou encore des apprentissages selon John Holt, de sa belle vision des apprentissages autonomes, d’Ivan Illich et de sa vision des institutions…

« L’enfant est déjà un chercheur scientifique. Il semble donc possible qu’il soit acteur et auteur de sa propre instruction . »

Melissa Plavis

Elle aborde aussi le sujet de la responsabilité qui se prend, encore faut-il qu’on laisse la possibilité aux enfants de la prendre !

Des remarques tellement justes, pleines de bons sens, d’observations où toutes les lectures sur le sujet se recoupent et s’entraident.

« On pourrait « remplacer dans ses phrases les expressions « il faut que » par « je choisis de » ».

Unschooling : conditions de possibilités ?

Dans ce chapitre, elle s’applique à déconstruire les a priori sur le unschooling et notamment :

  • l’unschooling et le niveau scolaire des parents : elle démontre que, quel que soit le niveau scolaire des parents, les apprentissages libres ne sont nullement remis en question. Ils peuvent même contribuer aux apprentissages de l’adulte. Les apprentissages se font naturellement, avec le temps, au fur et à mesure de la vie. Bien sûr reste la pression de l’inspecteur d’éducation nationale, « à la fois juge et partie ».
  • L’unschooling serait « une ouverture au monde, plutôt qu’une fermeture sur la famille ». Certaines « pathologies » ne seraient-elles pas que scolaires ? Elle rappelle également que « l’instruction ne se donne pas, elle se prend » et que les enfants apprennent en expérimentant à tâtons. Elle exprime l’importance de qualités comme l’empathie, la capacité d’écoute, la générosité que les parents peuvent développer dans cette manière de vivre.
  • Nos attentes, en matière d’apprentissages, sont souvent scolaires ou académiques, nous leur donnons plus de valeur au détriment de la confiance en nos enfants, ce qui favorise pourtant l’apprendre.
  • Melissa Plavis, dans ce chapitre, aborde également les a priori en ce qui concerne le rythme de vie, les salaires, le niveau de vie… La débrouille est souvent au rendez-vous et permet de se rendre compte des priorités !
  • Elle aborde ensuite un point qui m’est très cher : l’éco-féminisme. Elle émet l’hypothèse d’un changement de paradigme plutôt qu’un renversement et met en relation l’unschooling , le féminisme et l’écologie. Nous percevons ainsi comment tout s’imbrique, s’articule, tel un cercle vertueux… une vision qui m’a non seulement confortée dans nos choix, mais aussi réconciliée avec mon mental parfois déchiré entre ce qui me semblait opposé ou non-complémentaire.
  • L’auteure nous parle aussi de liberté, de recherche personnelle, de cohérence…
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Ça m ‘a permis de me rendre compte que ce que je faisais avait une réelle valeur et un réel sens, même si ce n’est pas reconnu dans le sens rémunéré.

Unschooling et socia(bi)lisation

Voici un point qui interroge nombre d’entre nous ou plutôt nombre de parents curieux de non-scolarisation. Pour reprendre le titre, l’unschooling vise une ouverture de l’enfant (et de l’adulte) par soi-même, avec les autres et dans le monde.

Melissa Plavis décrit la place de l’adulte, sa remise en cause, l’attitude envers lui même, sa non-domination vers plus de liberté pour tout le monde.

Prendre soin : de soi, des autres, de l’environnement. Encore un beau lien d’abordé ici !

Mélissa Plavis nous parle ici d’Ivan Illich et de l’inversion des institutions, de Jean Pierre Lepri et de son changement de paradigme face à l’apprendre, de Masanobu Fukuoka et met en lien permaculture et unschooling ou encore de Deleuze et Guattari et de la théorie du rhizome, de l’écologie au unschooling et inversement.

Postface

Elle est de Bernard Collot, le fondateur de l’école de troisième type. Bernard Collot revient sur les différents points abordés par Melissa Plavis, les met en relation avec l’école du troisième type et développe son point de vue.

Conclusion

Un ouvrage vraiment très riche, avec énormément de références, mais également de beaux témoignages et beaucoup d’authenticité de la part de l’auteure.

J’ai beaucoup apprécié ce livre, pour ne pas dire adoré.

Il m’a permis de voir l’articulation entre l’unschooling, le respect de soi, des autres, l’écologie, le féminisme, la liberté… Tout est lié et, peu importe quelle entrée nous empruntons, finalement, nous arrivons dans ce cercle où tout interagit. Après cette lecture, j’ai vraiment l’impression de faire partie d’un tout, de jouer un rôle, que notre vie a un véritable sens et en s’inscrivant dans le monde !

Je vous le conseille vivement !

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N’oubliez pas de dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires !

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3 commentaires

  • Anne-Claire

    Merci pour ce commentaire de lecture! Ce livre, et aussi ce que tu donnes à voir de ton engagement via ce blog, me font de mieux en mieux voir en quoi les unschoolers (certains d’entre eux en tout cas) ne sont nullement en marge du monde en refusant la soumission à certaines institutions et à certains diktats de la société. Ils portent bien un projet de société, quand bien même ce dernier ne serait pas global, explicite et proclamé. Changer sa vie, celle de ses enfants, influencer de fait celle de son entourage, informer (sans imposer) de proche en proche et donner l’exemple par ses propres pratiques humanistes, écologiques, féministes, tout cela contribue à changer le monde. On est bien d’accord que ça ne suffira pas. Mais c’est une action, loin d’être insignifiante.

  • Jessica

    Bonjour, merci pour ce blog je prends beaucoup de plaisir à vous lire ! Vous avez une vie extraordinaire.
    Mon fils de 3 ans et demi n’est pas scolarisé et je m’intéresse beaucoup à l’unschooling. Toutefois des peurs m’empêchent de passer le cap… Quel futur pour mes enfants avec l’unschooling ? Le jour où ils seront en âge de trouver un métier, auront-ils le niveau pour faire ce dont ils rêvent ? Pourront-ils suivre une formation s’ils veulent se former après avoir été en unschooling toute leur vie ? Ce sont des questions qui me perturbent énormément… Peut-être pourrez-vous m’aider à trouver des réponses

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