Thierry Pardo
Livres

Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État.

Dans « Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État« , Thierry Pardo montre que la réussite par l’école est un grand mythe fondateur de notre société. L’école enferme l’enfant, contrôle chacun de ses mouvements et de ses apprentissages et le compare aux autres en prétendant le libérer, le rendre autonome et lui apprendre à vivre ensemble. Il paraît important de comprendre comment la foi en l’école et ses promesses irrationnelles est entretenue à la manière d’une religion d’État.

72 pages, Thierry Pardo, aux éditions Le Hêtre Miriadis, en 2019

Ce que j’ai aimé

« À chaque fois que vous vous retrouvez à penser comme la majorité des gens, faites une pause et réfléchissez.

Je n’ai jamais laissé l’école s’occuper de mon éducation. »

Mark Twain

Ce livre est tout bonnement splendide ! Les mots choisis sont forts, justes.

Les arguments partent de faits facilement observables par tout un chacun.

Certes, il n’y va pas avec le dos de la cuillère… mais personnellement j’avais besoin de ça pour me rendre compte à quel point ma culture, mes croyances pouvaient m’occulter des faits tellement parlants. 

J’avais déjà conscience du somment de l’iceberg et surement d’un peu plus. 

Ça fait déjà quelques années que mes yeux s’ouvrent, toujours davantage.

Avec ce livre, je peux vous assurer que j’ai encore franchi un cap !

Je vous le conseille vivement, il aide à garder les pieds sur terre, à se réaffirmer en tant que parents, à avoir confiance en nos capacités presque primitives, en tout cas innées.

Ce parallèle avec la religion m’a ouvert les yeux. Je ne parle pas de foi ou même de spiritualité, mais bien de croyances et toutes les dérives de dominations qu’elles peuvent engendrer.

Ce livre est court, mais efficace ! À lire absolument, que vos enfants soient à l’école ou non… C’est important d’avoir conscience des croyances pour ne pas qu’elles soient (trop) néfastes.

L’auteur 

Thierry Pardo est chercheur indépendant associé au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’Université du Québec à Montréal. Il est spécialiste des éducations alternatives, conférencier et auteur, entre autres, des livres “Une éducation sans école” et « Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État. ».

Il est papa de deux enfants qui ont vécu en unschooling jusqu’en 2018.

Suite à une séparation, la justice « chargée de maintenir la société telle qu’elle est » a tranché : ses enfants ont  été obligés d’aller à l’école.

C’est alors qu’il s’est aperçu que toutes ses réflexions théoriques au sujet de l’école étaient encore pires que ça. Il dénonce alors la violence scolaire, l’organisation fourbe de cette religion d’État.

Chronique du livre Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État.

Dans ce livre, Thierry Pardo va tenter de faire la part des choses entre ce qui relève du mythe, de la foi en ce qui concerne la scolarisation qui est élevée au rang de religion d’État.

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C’est comme si l’école venait remplacer dans l’esprit des personnes la religion d’antan.

Il va comparer point par point les leviers scolaires avec ceux de la religion. Nous allons nous apercevoir de ses similitudes en tout point, des devoirs aux récitations en passant par les promesses ou sanctions…

Changer le regard

Penser que l’école est un lieu d’éducation grâce auquel l’enfant va s’émanciper et devenir autonome est une croyance. Ce n’est définitivement pas le lieu où l’on apprend des tas de choses et où l’on se fait des amis.

C’est un lieu de contraintes et d’obligations : l’élève est affecté à une chaise, une place, une classe, une tâche…

La croyance est néfaste si elle n’est pas assumée ou consciente.

La question n’est pas « comment l’école ? », mais « pourquoi l’école ». Quel est le but du déploiement scolaire ?

Thierry Pardo nous amène ici très facilement et justement à la conclusion que les promesses faites par l’école sont illusoires et que d’envoyer nos enfants entre ses murs est un acte de foi.

Déconstruire le mythe

Dans ce chapitre, Thierry Pardo nous incite à observer quelques faits :

  • L’école est un espace clos. L’enfant ne peut pas en sortir quand il le souhaite.
  • C’est le seul endroit qui retient contre leur gré des personnes ni coupables ni aliénées.
  • Il y a une obligation de travail l’école.

Comment est-ce que l’école pourrait favoriser la libération, l’autonomie, la responsabilisation ?

  • De plus, les besoins physiologiques et chronobiologiques ne sont pas respectés dans cet endroit clos : sommeil, rythmes cérébraux, de faim, de temps de pause, des saisons …
  • Le besoin de contact avec la nature est bafoué, de même que le fait d’éprouver les limites de son corps en sautant, grimpant, courant… alors que le corps d’un enfant est fait pour le mouvement.
  • Les apprentissages par le jeu libre ne sont pas encouragés.

Il nous demande comment un tel dispositif pourrait être favorable au développement de l’enfant…

La domination de la foi

Thierry Pardo constate ici qu’à l’école, la domination de l’adulte est totale. Jamais un enfant n’aura le dernier mot en cas de conflit. L’enfant est en bas du système pyramidal scolaire.

Il nous démontre encore une fois que l’école est à l’exact opposé d’une possibilité d’émancipation.

L’enfant ne décide de rien « pas même la couleur du stylo avec lequel il doit remplir son évaluation ».

C’est donc avec aisance et bon sens, que l’on voit apparaître ici, sous la plume de Thierry Pardo, qu’encore une fois, la promesse d’autonomie et d’émancipation des individus à l’école n’est que croyance, foi, mythe !

« On ne parle plus d’éducation, mais de conformité à un modèle industriel »!

Il parle ensuite d’obéissance, de norme scolaire, d’illusion d’harmonie, d’autorité, de pathologie…

Tout ce vocabulaire qui décrit si bien « l’évangile scolaire ».

L’église au milieu du village

Dans ce paragraphe, l’auteur utilise le vocabulaire réservé normalement à l’église pour décrire les habitudes scolaires et la façon dont les parents et les enfants y adhèrent automatiquement comme une évidence… Toutes ces pratiques codifiées sont entrées dans les moeurs.

Il évoque  ainsi les carnets, devoirs, punitions, récitations, leçons…

« L’enfant devient l’élève à l’intérieur et à l’extérieur de l’école ».

Il souligne le fait que l’enfant passe plus de temps avec ses parents que dans une même école et que par conséquent, ce serait plus à l’école de devenir le partenaire des parents en termes d’éducation que l’inverse.

Cependant chacun sait que « ce n’est pas au parent d’écrire l’évangile. »

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Il attire notre attention que l’autorité est détenue par une personne qui n’a pas plus de savoir que n’importe qui, au jour où l’information peut-être trouvée par tout le monde très facilement.

Des enfants sont heureux dans les écoles, certes, ne le seraient-ils pas car ils répondraient aux attentes de leurs parents ? 

Convertir le païen

« Si la plupart des enfants passent par l’école, je me plais à penser que ceux qui porteront haut les couleurs de la liberté seront les enfants qui n’auront pas laissé l’école passer par eux. »

Quoi de plus parlant ? 

Dans l’esprit collectif, « école » et « éducation » deviennent indissociables. Comme si les apprentissages ne pouvaient se faire sans elle. Rappelons cependant que l’école n’est « qu’une anecdote temporelle dans l’histoire des peuples ».

On rappelle régulièrement aux enfants des pays riches que l’école est une chance et que tout le monde n’en bénéficie pas aussi facilement. Pour ça, de nombreux exemples, reportages, articles, sont utilisés. La sainte parole est prodiguée coûte que coûte !

Thierry Pardo dénonce la difficulté de contredire l’école lors d’une discussion courante, en famille. Il compare ça à des défenses immunitaires. Les « bienfaits » de l’école deviennent alors incontestables.

Il rappelle qu’aucune aide de l’État n’est prévue pour les enfants instruits en dehors de l’école.

Avoir foi en nos enfants

Thierry Pardo nous rappelle que nous pouvons choisir d’avoir foi en nos enfants, en leur curiosité, leur enthousiasme, leur soif d’apprendre, leur sens de la liberté et de la justice (nous ferions bien de prendre exemple sur eux en ces temps « particuliers !)… 

Ça me semble plutôt pas mal comparé au fait d’avoir foi en l’institution et ses restrictions, son contrôle et son autorité !

Certains cependant sont emprisonnés dans leurs croyances et ne pensent pas possible les apprentissages hors cahiers, contraintes, labeur… c’est comme ça qu’arrivent parfois les dénonciations avec tout ce qui s’en suit : services sociaux, tribunaux, mise de force à l’école… jusqu’au retrait parfois des enfants à leurs parents !

L’auteur nous conseille ici de retrouver notre âme d’enfant, de rire, de faire les pirates…

Je trouve dur de toujours devoir se justifier de faire des choix différents, comme si nous étions dangereux, irréfléchis alors que nous avons juste foi en nos enfants…

L’auteur dit, à juste titre :

« Enfermer un enfant en prétendant le libérer, lui donner des consignes en prétendant le rendre autonome, l’évaluer et le punir en prétendant développer son esprit critique, exiger de lui obéissance en prétendant l’émanciper, tisse une réalité contradictoire flagrante, mais bien peu on la force de la remettre en question et d’en tirer les conséquences. »

Et c’est nous qui devons nous justifier…

À la droite du père

Et après ? Comment se réalisent les promesses de l’école ?

Dans cet avant-dernier paragraphe, Thierry Pardo en parle largement en ne mâchant pas ses mots, toujours dans l’exactitude des faits, rien de plus.

Changer de paradigme

Ici, Thierry Pardo est sans appel : nous devons utiliser les mots justes pour décrire l’école, accepter et reconnaître sa réalité.

Il pousse ici « un cri du coeur », il dénonce  et tente de permettre à chacun de se rendre compte et de remettre en question le bien fondé de cette croyance collective, de cette religion qu’est l’école.

C’est à vous

Êtes-vous prêts à reconnaître ce que vous allez lire ici ? 

Parfois, je me dis « si j’avais cette force de persuasion, évidente et sans appel… »

Quand on le lit, ça à l’air tellement évident…

Pourquoi je ne trouve pas aussi facilement les mots lorsque j’en ai besoin ?

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3 commentaires

  • Антон

    Toutes les societes s’articulent autour de grands recits. Mythes, legendes, epopees heroiques marquent les reperes necessaires pour donner tout a la fois les lecons du passe et une direction pour l’avenir. Au registre de ces grands mythes fondateurs et prometteurs, la reussite par l’ecole est sans doute un des plus puissants. Il parait des lors important de comprendre ce qui, dans la scolarisation, releve du mythe, de la foi et comment cette derniere est entretenue a la maniere d’une religion d’Etat. Il s’agit de saisir comment loin d’invalider des recits inverifiables, l’ecole remplace dans l’esprit de chacun les esperances que faisaient miroiter la vie pieuse d’antan. Dans ce petit livre pamphlet, Thierre Pardo propose de montrer que l’ecole fonctionne comme une eglise, utilisant les memes leviers, les memes regles contraignantes pour ramener dans le droit chemin la brebis egaree ; et comment elle utilise sa promesse de redemption pour exiger obeissance et fidelite aux enfants et a leurs parents, organisant comme l’eglise d’autrefois toute la vie de la paroisse, a l’interieur et a l’exterieur de ses murs.

  • DUMONCEAU

    Bonjour Marion,

    Je suis sûr qu’il s’agit d’un livre pétillant et urgent à lire.Nous faisons l’école à la maison, et étant une famille qu’on appelle « protestante », je ne me sens pas dans une religion. Je suis tout à fait d’accord avec le fait que l’école est une religion, que la laîcité en est une.
    Mais le fait de comparer l’évangile par exemple, avec l’école ou de dire que l’école n’est que devoirs obligations, que ça fonctionne par sanctions ou promesse….ne « respecte » (je le met entre guillemets car je ne trouve pas le mot adéquat) pas la Bible. Je n’aime pas le fait de reprendre les termes de la bible pour la comparaison. Car, je comprends bien que les gens ont une vision de la religion en une somme de choses incalculables à respecter…Mais c’est là une bien triste image. Voyez vous, nous croyons en Dieu et en Jésus, mais nous dans notre vie chrétienne, nous ne sommes obligés de rien (contrairement à l’école), c’est la foi qui agit dans le coeur (donc je rejoint le fait de dire qu’il faut beaucoup de foi pour mettre ses enfants à l’école mais foi en quoi ? en soi même ?), et, croire, je dirais plutôt oui, faire, ce que Dieu nous conseille n’est que pour le bien la personne (attention beaucoup de gens trouve des mauvaises choses dans l’ancien testament mais la Bible est à lire dans son intégralité, on ne tue plus en cas d’adultère par exemple car Jésus est venu libérer les gens : smile ! ouf !), que dans la société, notre conscience est altérée, s’adapte au fur et à mesure, et au final : « nous appellons le bien ,mal et le mal, bien ». Dieu lui ne change pas, il est l’Eternel et on peut pleinement s’appuyer sur Lui en toute confiance et prendre ses conseils dans sa parole qui « feront jaillir de nous des eaux vives ». Depuis que nous avons Jésus dans notre vie, tout a changé, Nous avons un soutien un réconfort, un rocher sur lequel s’appuyer. Et savons que quoi qu’il arrive nous sommes sauvés pour l’Eternité.
    Mais bon, voilà, en tout cas, nous ne vivons aucunement une vie de forçage, austère et ennuyeuse, bien au contraire ! Nous vivons dans l’amour, la joie, les louanges, et quand vient l’épreuve, nous continuons et savons que nous pouvons compter sur Dieu.
    J’ai l’impression que l’auteur n’accepte pas l’obéissance à quoi que soit, qu’il veut penser uniquement par « lui même » mais là pour moi, c’est un danger. Car si je suis pleinement d’accord que l’école, c’est obliger les enfants à être dans un moule, mais pas croire en Dieu. Nous sommes tous unique.Dieu dit que nous sommes des créatures merveilleuses et il nous aime et veut nous sauver, je le crois de tout mon coeur.
    Je dirais plutôt que l’école se prend pour Dieu et vole sa place. Adorer la création au lieu du créateur 🙁

    Bonne journée, et surtout merci pour ces partages.

  • Miss Obou

    Bonjour Marion,
    Je n’ai peur que d’une chose en lisant ce livre : être encore plus mal de mettre encore mon grand à l’école! 🙂 Je rêve de me lancer dans l’IEF, mais je ne peux me lancer tout de suite à cause de problème financier qui m’empêche de quitter mon CDI. Mais j’ai peur qu’après il soit trop tard!
    Il n’empêche que je vais voir si je peux me procurer ce livre qui a l’air riche d’enseignement! Merci du partage!

    PS : as-tu bien reçu mon mail pour le carnaval d’article?

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