Thierry Pardo, chercheur en éducation
interviews d'experts

Thierry Pardo : réactions autour de son livre « Au nom du pire. L’ école, nouvelle religion d’État » et des lois liberticides

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Thierry Pardo a accepté d’échanger avec moi sur le sujet épineux du moment : l’allocution de Macron, proposant, sous couvert d’une loi sur le séparatisme, sous couvert de lutter contre l’intégrisme religieux, d’interdire l’instruction en famille.

L’auteur

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Thierry Pardo est chercheur indépendant associé au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’Université du Québec à Montréal. Il est spécialiste des éducations alternatives, conférencier et auteur, entre autres, des livres “Une éducation sans école” et « Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État. ».

Lorsque j’ai entendu cette allocution, début octobre avec tous ces amalgames instruction en famille, religion, séparatisme… j’ai immédiatement pensé à lui et notamment à son livre  « Au nom du pire. L’école, nouvelle religion d’État. ». Ça a fait résonance dans ma tête !

Le titre est plutôt sans appel.

Si vous souhaitez le découvrir un peu plus, vous pouvez commencer par lire la chronique de ce livre ici, avant de le dévorer pour de vrai, car vous ne pourrez pas vous en empêcher 😉

Pour retracer le contexte de ce livre, Thierry Pardo l’a écrit suite à la déscolarisation forcé de ses deux fils en 2018 (il s’est séparé de la maman).

Sujets évoqués et développés par Thierry Pardo

Dans cette interview, Thierry Pardo nous explique comment ses enfants réussissent à s’adapter à leur école (mais faut-il s’adapter à un monde malade ?)

L’intention manipulatrice se situe au niveau des ministères et non de l’école en elle-même. Thierry est dans la question du bienfondé de ce que font les professeurs.

Nous ne pouvons pas interdialoguer sur le sujet du bienfondé de l’école. C’est une question de foi.

Ce livre est là pour montrer à quel point c’est une question de croyances plus que d’autres choses.

Il n’y a pas de profil type de famille en IEF, c’est un large éventail. Tous sont reliés par le fait de se sentir capables d’éduquer leurs enfants.

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Il évoque la différence entre les raisons causales et les réponses liées à la finalité pour ceux qui choisissent l’éducation sans école.

L’idée d’interdire l’école à la maison s’accompagne d’une liste d’incohérences. Les lois naturelles d’éduquer ses propres enfants sont remises en cause.

Ça deviendrait délictuel d’instruire ses enfants la semaine.

L’auteur explique que les instits sont obligés de vivre avec cette logique de la double pensée. Ils sont face à des incohérences à longueur de journée. Ils deviennent ainsi dépressifs.

« Les partisans d’une éducation sans école sont combattus comme les tenants d’une foi concurrente et qualifiés d’intégristes, de sectaires »

Et plus loin : 

«Il (le bon croyant, celui qui a foi en l’école)  taxera sans rougir les éducations libres d’intolérance, de sectarisme, d’intégrisme, ne voyant rien à redire au rouleau compresseur de sa propre normalité. »

Il parlera ensuite de l’état qui met les religions sous sa coupelle, sous prétexte de ne pas les gérer.

Notre république voudrait faire passer, grâce à un climat de peur, des lois liberticides. La peur : du terrorisme, du virus.

Le droit à l’éducation pourrait devenir la propriété de l’État, nous, parents, ne pourrions pas intervenir, réagir sur les contenus enseignés.

Nos propos pourraient devenir inaudibles, voire illégaux. Il n’y a plus de monde en dehors de l’école, de quoi faire peur !

Le savoir est trié et non critiquable. 

Notre liberté de paroles est menacée.

Dans son livre, Thierry Pardo parle de l’école comme un mythe : 

C’est un espace clos, ne retenant contre leur gré des personnes ni coupables, ni aliénées avec l’obligation de travailler. De plus ce lieu qu’est l’école, ne respecte pas les besoins chronobiologiques et physiologiques des enfants : sommeil, faim, repos, saisons, même le besoin de contact avec la nature est bafoué ainsi que le besoin de mouvement et même les apprentissages par les jeux libres et spontanés. 

Thierry nous dévoile de quelle façon il oeuvre pour lutter pour que l’éducation pirate perdure. Il nous parle de ses publications, de sa formation.

Il essaye de documenter tout ça.

D’ailleurs, vous pouvez le trouver ici : La piraterie éducative

« Enfermer un enfant en prétendant le libérer, lui donner des consignes en prétendant le rendre autonome, l’évaluer et le punir en prétendant développer son esprit critique, exiger de lui obéissance en prétendant l’émanciper, tisse une réalité contradictoire flagrante, mais bien peu on la force de la remettre en question et d’en tirer les conséquences. »

C’est pourtant difficile, en face de « croyants » de trouver les arguments pour justifier nos choix.

Il nous explique que c’est plus simple de voir les choses lorsqu’on est à l’extérieur.

L’évidence scolaire s’impose…

C’est ce qu’il nous explique. Il se dépêche de dire tout ça avant que ce ne soit totalement inaudible !

Et enfin, ces mots de Blanquer en parlant du retard de notes du bac de 2019 : « Il y a quelque chose de sacrilège dans ce qui a été accompli ».

Sacrilège : profanation du divin

Et notre président qui souhaite renforcer la laïcité en interdisant l’IEF…

Ils vivent leur laïcité comme une religion.

Comme dit Thierry Pardo, notre devoir est de prendre conscience de ce qui se joue, de ce qui est dit, bien qu’on ne puisse pas arrêter la croyance.

Les personnes qui ont aimé cet article ont aussi lu :  Mélissa Plavis : entretien autour de son livre, "Apprendre par soi même, avec les autres, dans le monde. L'expérience du unschooling".

Le problème c’est que les croyants de l’école ne savent pas qu’ils ont une croyance.

Merci beaucoup pour ce cri du coeur qui ouvre les yeux pour ceux qui se donneront la peine de lire ses lignes…

C’est à vous

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2 commentaires

  • Catherine

    Merci beaucoup pour cet entretien. Tous les points que vous avez abordés sont essentiels. Le « Laïc » est celui qu’on oppose au clerc, c’est le nom que l’on donnait à celui qui était ignorant, non instruit à la connaissance religieuse (contrairement au clerc qui était l’initié). Vous avez tellement raison sur cette religion d’état qu’est la laïcité. Quand au point sur l’incompatibilité entre le système scolaire et l’enseignement du consentement et de la liberté d’expression, c’est tellement vrai !! Reste maintenant à savoir comment résister si l’état nous impose leur plan par la force… Cordialement. Catherine T.

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